Il est toujours agréable de voir que l’on produit encore des films d’espionnage “à l’ancienne”, situés en pleine Guerre Froide, avec des héros pris en étau entre l’Ouest et l’Est. En l’occurrence, il s’agit de l’histoire vraie de Greville Wynne, un homme d’affaires britannique qui servit d’intermédiaire entre une taupe soviétique haut placée, et le MI6 et la CIA.
Un sujet juteux, traité ici de manière très conventionnelle. La mise en scène et la reconstitution sont propres (on a même un clin d’œil amusant à « Goldfinger » !). Mais le scénario se veut cousu de fil blanc, et laisse peu d’ambigüité sur ce qui se déroule à l’écran. La CIA et le MI6 sont d’ailleurs étonnement transparents avec notre héros, on est bien loin des récits d’espionnage où le protagoniste est manipulé comme un pion sur un échiquier ! A tel point que le suspense est relativement absent sur une bonne partie du film… On sent aussi que le volet historique est assez légèrement abordé (il est à peine mentionné que les véritables initiateurs de la Crise de Cuba sont les USA, qui avaient placé des missiles en Turquie, provoquant ainsi les Soviétiques).
Heureusement, l’intérêt est surtout le personnage principal. Certes, certains éléments sont, de manière surprenante, laissés de côté. Par exemple, aucune raison n’est au départ donnée à cet homme d’affaire lambda qui accepte de se mouiller dans de l’espionnage. Ou le fait que ses capacités de vendeur ne seront jamais utilisées dans ses relations avec des espions, alors qu’il y avait matière à traiter. Néanmoins, on y verra ses doutes, ses tensions dans un univers qu’il ne maîtrise pas, ses motivations grandissantes, son impossibilité de partager avec sa famille, ou sa relation chaleureuse avec la taupe soviétique.
Le tout dans un récit qui à défaut d’être novateur ou complexe, est plaisant à suivre. Ce jusqu’à un dernier acte un peu plus original. Plus sombre, cette partie laisse exploser le talent de Benedict Cumberbatch, déjà convaincant sur le reste du long-métrage.