Le dernier film de Melville est en même temps un film un peu raté mais aussi le testament d'une époque. Il utilise les codes du film noir qu'il a su réinventer avec génie dans les années 60 et n'en garde que la substance. Dans ce film il arrive à un tel point d'abstraction qu'il ne reste que des signes, l'histoire passant au second plan au final. Ce qui intéresse Melville ce sont les comportements.
Les acteurs ne sont plus que des morts vivants répétant des gestes machinale sans âme. La chair des acteurs semble disparaître et deviennent fantomatique. Les décors crépusculaire tout en gris et en bleu, la ville n'est plus qu'un cimetière. Je suis en même temps fasciné par ce niveau d'abstraction.
Il ne passe peu où pas grand chose au final mais les plans séquence donnent au film une force à l'image. La séquence d'ouverture est incroyable à ce niveau. Une station balnéaire embrumé dans des couleurs bleu-gris balayé par le vent et la pluie, une voiture arrive, des hommes sortent un par un pour aller dans une banque, un casse, un coup de feu et puis rien d'autres. Malheureusement si cette séquence est incroyable le reste du film sombre peu à peu.
Le reste du film à du mal à s’enchaîner car comme je l'ai dis, il est à un tel niveau d'épuration qu'il lui est difficile d’enchaîner les actions de manière logique. Ensuite Melville est un homme d'une autre époque, il y a aucune violence à l'écran ou presque. La violence est suggérer ou passe en quelques secondes. Le figure du travelo qui est une sorte de double de Deneuve et apporte une complexité troublante au personnage de Delon et montre que Melville était un homme misogyne niant pratiquement l'importance de la femme dans l'action. Tandis que ce joue un triangle amoureux entre Delon-Deneuve-Crenna dont on ne sait pas grand chose. Et puis il faut l'avouer la scène du train a vraiment vieilli.
Malgré tout je ne peux me dire que ce film est mauvais au contraire, ce film est mélancolique d'une époque qui disparaît peu à peu au profit de film où la violence est omniprésente.
Belane
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le 20 mars 2013

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