L'intrigue s'articule autour de deux longues scènes de hold-up. La première, joliment stylisée mais complètement irréaliste, dans une station balnéaire sombre; la seconde dans un train
avec des effets spéciaux grotesques. Ces séquences constituent par leur mise en scène étirée et minutieuse les moments forts d'un film où il est question, une fois encore, d'une chasse au voleurs.
Comme souvent chez Jean-Pierre Melville, les chemins du flic (A.Delon) et des voyous ne se croisent qu'au dénouement, comme une rencontre inéluctable. Une fois n'est pas coutume, et comme l'indique le titre du film, c'est le personnage du policier qui est la figure centrale du sujet car, en dépit que Delon n'a pas un rôle plus étoffé et important que les autres, son ambiguité et sa froideur lui confèrent un intérêt supérieur à celui des truands. Pourtant, les séquence qui concernent le commissaire Coleman sont particulièrement caricaturales dans le domaine policier, au point qu'elles semblent ne pas faire partie du même film. Melville ne s'est vraiment pas foulé pour les tourner et les intégrer harmonieusement à l'intrigue, laquelle manque très visiblement d'unité.
Le style Melville révèle ici des faiblesses car, en l'absence d'un sujet original, sa mise en scène, et plus particulièrement les scènes d'action, semble vieillotte. L'image rigoureuse et laconique des personnages, flics ou malfrats, n'a jamais paru aussi factice et si dépourvue d'envergure humaine. Si Melville n'a jamais fait du réalisme une nécessité, "Un flic" donne trop l'impression d'une histoire préfabriquée et insincère.