J'avoue que c'est une forme de curiosité mal placée qui m'a poussé à voir ce film : polémique quant à sa distribution, peu de projections, un pitch un peu racoleur qui dérange politiquement parlant. J'ai profité de la fête du cinéma pour le voir à 4 euros, sachant que je n'ai JAMAIS payé pour une place de ciné depuis 2009 et mon abonnement à la carte illimitée Pathé-Gaumont.
Eh bien autant être honnête : si je n'avais pas payé ma place, je serais sorti au bout de dix minutes de projection. Dès les premières séquences, il y a un enchaînement de violence gratuite, de misère sociale et de vide intellectuel totalement répugnant et insoutenable. J'ai tenté tant bien que mal de ne pas détourner les yeux de l'écran tout en me demandant "Mais pourquoi ?". C'est brut, c'est extrême, on bouffe le bitume sans comprendre pourquoi tant de haine, puis le film progresse à grand renfort d'ellipses narratives à travers 30 ans de la vie de ce français, un français, un homme simple qui a grave de la merde dans les yeux, un peu paumé, et qui trouve petit à petit le chemin de la rédemption en se nettoyant les trous et en faisant les bonnes rencontres, notamment ce pharmacien qui lui assure le salut. Il y a un côté christique, religieux, mais aussi générique, comme Un Prophète de Jacques Audiard.
Aussi crédible dans les scènes de violence crue où son visage reflète à merveille une certaine vacuité que dans les scènes d’intériorité lorsqu'il est sur le chemin de la repentance, Alban Lenoir (qui joue Marco) est tout simplement bluffant d'intensité. Les seconds rôles sont plutôt bien trouvés, notamment Jeanne Rosa (qui joue Kiki) touchante d'humanité et Paul Hamy (qui joue Grand Guy) crédible en fou furieux.
Ce qui m'a le plus dérangé dans ce film, mais qui pourrait également être perçu comme une qualité, c'est qu'il montre sans dénoncer ou juger. C'est la vie de ce français, dans son quotidien, appuyé par des faits historiques et des documents d'archive. Ni plus ni moins. Ce manque de parti pris et d'analyse psychologique des personnages porte à mon sens préjudice au film car le spectateur est libre de juger les faits qui lui sont présentés et concernant un sujet aussi sensible, il est du devoir de l'artiste de dénoncer et d'éclairer. Le scénario un peu trop elliptique est tout aussi déroutant.
Toujours est-il que le grand écart opéré entre le début du film (Touche Pas à Mon Pote, mouvement animé par la solidarité et un Marco azimuté) et la fin du film (la Manif Pour Tous, mouvement animé par un élan de haine et un Marco apaisé) est tout simplement saisissant.