Je suis tombé par hasard sur "Un homme est mort", projet aussi incongru qu'intéressant. On suit Lucien, tueur français envoyé à Los Angeles pour liquider un gangster. Une fois la besogne effectuée, Lucien se rend compte qu'il est lui-même pris au piège et traqué...
Incongru car il s'agit d'un polar français à l'américaine. Jacque Deray semble s'être inspiré entre autres de deux œuvres majeures. "Point Blank" pour le protagoniste isolé et chassé, sous un Los Angeles ensoleillé. D'ailleurs on retrouvait aussi Angie Dickinson dans le film de John Boorman. Et "The French Connection" pour les poursuites et la violence. Ce n'est probablement pas un hasard si Jacques Deray a embauché Roy Scheider dans le rôle du tueur qui traque notre héros !
Mais loin de la pâle copie franchouillarde, Jacques Deray digère bien ses références. L'ensemble a beau être lent (les plus jeunes s'ennuieront sans doute), le scénario a beau être finalement très simple, "Un homme est mort" est un polar classe et prenant. Bien filmé, bénéficiant d'une musique entraînante de Michel Legrand, et de jolies scènes de tension.
En outre, le film s'appuie sur un solide duel entre Jean-Louis Trintignant et Roy Scheider. Deux acteurs charismatiques qui jouent en subtilité, et donnent sans mal du corps à leurs scènes.
Un autre aspect intéressant est le décalage culturel mis en avant par Jacques Deray. Lucien a beau être débrouillard et parler anglais, il a un accent à couper au couteau qui le fait repérer en deux secondes. Et il est régulièrement largué par les spécificités américaines : de la série "Star Trek" à la cuisine locale, en passant par l'argot qu'il ne comprend guère (bien comprendre l'anglais est un gros plus pour savourer ces décalage linguistiques !).
Coïncidence amusante "French Connection II" reprendre ce concept quelques années plus tard, en mode miroir (Gene Hackman perdu à Marseille).
Le réalisateur en rajoute même une couche sur les excès de la société américaine, tels que le prosélytisme religieux ou les médias sensationnalistes.
A l'arrivée, "Un homme est mort" a un pédigrée exotique, et gère bien son sujet.