Tiré du roman éponyme de Georges Perec et réalisé par ce dernier ainsi qu'avec Bernard Queysanne, Un homme qui dort raconte l'histoire d'une solitude. Celle d'un étudiant qui, après avoir fini ses études, va se renfermer sur lui-même, jouer seul aux cartes, aller au cinéma, faire des parties de flipper.
La particularité du film est déjà qu'il est en noir et blanc, et qu'ensuite, il est entièrement narré par Ludmila Mikaël, laquelle s'adresse à ce jeune homme en le tutoyant, commentant sa vie, ses états d'âmes... celui-ci ne parlant jamais. C'est d'ailleurs la seule chose qu'on entend dans ce film, certes très beau, mais d'une très grande austérité.
Je ne connais pas le roman de Georges Pérec, mais il se dégage du film une certaine tristesse, sur ce type qui s'enfonce dans sa solitude, qui ne rencontre donc jamais une seule personne, et dont on voit bien qu'il broie du noir en vivant ainsi et surtout dans son tout petit studio.
Il y a un style littéraire, de par la voix off de Mikaël, qui semble réciter des passages du roman, et si le ton est au départ neutre, elle prend une expression de plus en plus angoissée, reflétant ainsi l'état d'esprit de cet ex-étudiant.
J'avoue que la courte durée du film fait passer la pilule, je ne m'y suis pas ennuyé, mais ça reste du cinéma vraiment exigeant, radical sur le fond, mais qui laisse passer en filigrane la jeunesse française au sortir des Trente Glorieuses.