Un Justicier dans la ville était plutôt un drame : il racontait comment un homme, dévasté par l’assassinat de sa femme et le viol de sa fille, trouvait comme seul exutoire à son chagrin et sa colère de prendre les armes pour tuer la racaille qui trainait dans les rues. Cette suite, produite par la Cannon, prend une autre tournure. Il s’agit d’un film de vengeance puisque Paul Kersey va ici traquer et tuer, un après l’autre, ceux qui ont causé la mort de sa fille. On est donc davantage dans le film d’action que dans le drame psychologique. Autrement dit, si on reprend la même trame que le premier opus, le résultat est ici plus caricatural. Mais ce que le film perd en finesse, il le gagne en efficacité, rendant cette suite presque aussi intéressante que son aîné de 1974.
Suite oblige, le curseur est plus élevé. La violence est encore plus marquée que dans le premier volet avec des scènes de viol plutôt longues et crues. La vengeance de Paul Kersey ne souffre, quant à elle, d’aucune espère de remords. Elle est sanglante et sans merci. On pourra reprocher au film ses raccourcis scénaristiques : à chacune de ses sorties nocturnes, notre pourfendeur tombe, par un doux hasard, nez à nez avec une de ses cibles. Le hasard est un peu fort de café mais il permet d’assurer le rythme du film. L’ensemble est, par ailleurs, moins binaire que ce qu’il paraît être. Le retour du personnage de l’inspecteur Franck Ochoa permet de ne pas enfermer le film dans un seul point de vue et la présence de Jill Ireland, si elle peut paraître (comme souvent) de complaisance, finit par avoir son importance même si c’est un peu tardif.
De nombreux éléments concourent à estimer qu’il s’agit davantage d’un film de Michael Winner que de la Cannon. Le résultat ne sombre pas trop dans le racolage et sa violence suit la trajectoire du premier volet. Par ailleurs, une certaine épaisseur psychologique demeure même si le personnage de Charles Bronson sait plus (trop ?) facilement surmonter son chagrin. La musique de Jimmy Page assure une ambiance particulière et les scènes nocturnes tiennent vraiment la route avec quelques plans qu’on verra souvent repris par la suite (l’ombre du justicier qui se dessine sur les murs). Souvent expédiée chez la Cannon, la fin est, en outre, soignée. De la bonne série B.