J'ai tendance à trouver que Jean-Pierre Jeunet, un de nos esthètes maison, fait un bon film sur deux.
Par chance en 2004, il nous a livré son chef-d'oeuvre.
Adapté du roman de Sébastien Japrisot, Un Long Dimanche de Fiançailles est presque une anomalie tant son projet, sa fabrication et son résultat s'avère en parfait adéquation. Fresque romanesque construite comme un Citizen Kane post-14-18, le film de Jeunet implique une histoire d'amour passionnelle comme moteur du récit et de l'héroïne.
Au travers du parcours de Mathilde, c'est un casting quatre étoiles qui se succède ainsi avec ses grandes et petites histoires, truculentes ou tragiques figures d'un monde sorti de la Grande Guerre. Au-delà de l'ampleur de sa direction artistique, de sa mise en scène lyrique et d'une variété de scènes anthologiques (dans tous les sens du terme), c'est bel et bien l'émotion qui point à chaque instant porté par le sublime score d'Angelo Balamadenti.
Par cet amour qui peut soulever les montagnes en dépit des obstacles, c'est l'espoir, la lumière qui renait de l'ombre de 14-18 et nous étreint pour ne plus nous lâcher bien après la séance.
Un Long Dimanche de Fiançailles, c'est un film de pur cinéma, probablement l'un des joyaux produits par notre pays (quoi que le Conseil d'Etat en dise) et il me semble légitime de lui accorder la place qu'il mérite.