Un film d'auteur camouflé

Pas facile de chroniquer ce film sorti il y a moins d’un mois, le 1er mai exactement, et qui se rapproche au fil des jours des cinq millions d’entrées. A chaud, le 2 ou le 3 mai, on pouvait se permettre d’en dire du bien ou du mal, tout était possible, mais aujourd’hui ?

De mon point de vue, si on a un brin de respect pour le public qui se déplace en masse, on ne peut qu’en dire du bien. Pourquoi cette unique alternative ? Tout simplement parce que c’est sans doute le film dont les gens avaient besoin, le film qu’ils attendaient sans jamais l’exprimer, un film où les rôles d’handicapés sont interprétés par des handicapés. Tout simplement.

J’entends d’ici les méchantes remarques : « Dès que ça fait beaucoup d’entrées on crie au chef d’œuvre ». Je réponds : « Non pas du tout, La Soupe aux Choux a fait trois millions d’entrées et c’est un navet, Les Ch’tis ont fait 19 millions d’entrées et c’est un gentil film sympathique, sans plus ». Les admirateurs de De Funès attendaient ses films avec impatience et les cinémas affichaient complet, tout simplement. Les gens du Nord se sentaient oubliés, Dany Boon les a sortis de l’anonymat, tout simplement.

Pour Un p’tit truc en plus ce n’est pas le même genre d’attente, il y a comme un p’tit gout de revanche dans l’air, personne n’a écrit une histoire correcte, avec un vrai rôle, à un acteur trisomique depuis Le Huitième jour en 1996. Une éternité. Pour moi l’explication est là, pas dans l’analyse scrupuleuse du scénario, ni dans le décorticage des gags ou la recherche systématique des qualités ou des défauts de la mise en scène.

Au bout du compte, on se dit que le film d’Artus ressemble à un film d’auteur qui n’a pas manqué sa cible, qui est drôle et bien interprété, un film d’auteur commercial et populaire, un film d’auteur qui a un p’tit truc en plus. Tout simplement.

Le célèbre producteur Carlos Ponti a dit un jour : « Lorsqu’un film a du succès, c’est une affaire. Lorsqu’il n’a pas de succès, c’est de l’art ».

Je vous laisse disserter là-dessus, je ramasse les copies dans une heure.