Rien n'enlèvera les louanges à Artus, il s'est jeté les deux pieds dans un sujet sociétal ô combien important. Le grand public appréciera, moi aussi, notamment le salut pour les accompagnateurs dans l'aide aux personnes à handicap. Vous lirez plus bas quelques manques selon moi qui amenuisent ce succès frenchie fou... mais je le répète encore, Artus est fort et il détrône les films commerciaux.
Plus fort encore, Artus garde la tête sur les épaules avec une simplicité rare. Loin des confettis, dans une maison de campagne, se calquant avec Sur Les Chemins Noirs et Jean Dujardin qui prend aux tripes les français aux racines de province. Dans un ciblage extrapolé pour le grand public, le film d'Artus prend du sens avec Clovis Cornillac... qui finalement est peut-être le véritable acteur caché. Il s'est mué en éducateur épais, qui a connu les heurts de la vie pour réussir et veut le transmettre humblement à l'écran. Non, Un p'tit truc en plus n'est pas donneur de leçon à tout va, mais il chatouille les ignares qui oublient au quotidien que les places handicapés ne sont pas anodines sur les parkings.
Toutefois, beaucoup l'oublient, ce n'est pas le premier film à succès qui touche le handicap. Je pense même qu'il aurait pu faire mouche de façon aléatoire, quelque soit l'angle d'attaque. Intouchables, La Famille Bélier ou Le Huitième Jour presque oublié avec un Daniel Auteuil fascinant. Musicalement aussi, les trois films cités avaient énormément de charme. Là, on se contente des hits radios dans le car. Assez évocateur, mais pas aussi prenant que le piano d'Einaudi ou Louane qui reprend du Sardou. J'évoquais plus haut que le milieu rural est largement représenté, le bol d'air aussi, mais le passage avec les canoës m'interpelle. Il méritait d'être mieux construit, à coups de pagaies et chants sur la rivière.
Ce sont bien les limites scénaristiques d'un film petit budget, qui plafonnent en plein envol. J'insiste, petit budget et créativité terrain à partir de rien sont deux choses différentes. Au final, Un p'tit truc en plus ressemble plus aux Choristes qui reste maître d'école. Une colonie de vacances au lieu d'une chorale, des personnes handicapées remplacent les enfants, remplis de sentiments fraternels qui se mêlent avec ceux des encadrants. J'ai aimé le retour de Cornillac aux côtés de Théophile Leroy dans la conclusion, ou le jeu du procès de Sylvain. Artus verse un larme et c'est beau putain ! Le film termine en beauté dans les dernières pages de son script.
Dans les grandes lignes, Un p'tit truc en plus est réussi et se traître avec sérieux. Il lui manque une ou deux connerie dans le Leclerc, pour détonner encore. Je pense qu'ici, l'humour et le partage avaient une carte à jouer jusqu'au bout. Artus se défait un peu de ses grimaces et s'oublie théâtralement. Autre point essentiel, n'oublions pas non plus les illustres films prédécesseurs sur le handicap, qui avaient au minima tout aussi convaincu.