Plus que de Bob Dylan, le film traite de la métamorphose que la musique traditionnelle occidentale dut accomplir pour survivre et se renouveler (composition de nouveaux textes, électrification), car certains des personnages ressuscités par le film jouèrent aussi un rôle dans le « folk revival » français des années 70, notamment Peete Seeger (Edwards Norton) et Alan Lomax (Norbert Leo Butz) : « Au début des années 1970, en échos au climat contestataire incarné par la jeunesse étudiante française et sous l'impulsion de Lionel Rocheman et du Centre Américain de Paris, des « folk clubs » et des "hootenannies" s’organisent, en résonance avec la dynamique du rock "underground" et les principes de "living theatre" de la Beat Generation, mais sur le modèle du mouvement folk américain porté par des figures d’envergure internationale comme Woody Guthrie et Peete Seeger, ou le folkloriste progressiste Alan Lomax de l’American Folklife Center. » (Wikipédia, Musique traditionnelle). Ce qui donna, pour aller vite, Malicorne, Gabriel Yacoub, Alan Stivell et Tri Yann. Un peu comme dans la country, c’est par le biais et l’assentiment américain que passent un certain retour à des arts traditionnels.
Le film a l’intelligence de se focaliser sur un tournant, ce qui lui évite d’avoir à traiter une matière trop dense, bien que même pour un tournant, il est obligé d’employer mille ellipses.
Thimotée Chamalée (d’une ressemblance très travaillée) ne déçoit pas, allant jusqu’à donner de sa vraie voix pour chanter, ni les autres acteurs, tous convaincants et investis dans ce moment magique de l’histoire musicale. Et, ce qui est loin d’être un détail superficiel, les chansons sont traduites et sous-titrées, permettant à tous de s’impliquer dans la psyché tourmentée de Robert Zimmerman.
En bonus, un Boyd Holbrook dans un Johnny Cash aussi convaincant que Joachim Phœnix dans un précédent film de James Mangold, Walk the Line.