Après vingt années d'absence, le directeur de ballet Jean-Jacques Sauvage (Jouvet) revient à Lyon et sa réapparition n'est pas sans causer quelque crainte à une famille de riches commerçants, les pathétiques Gonin-Nisard( Seigner et Brochard).
Tout au long du film, Christian-Jaque dévoile plus précisément les motifs de cette "affaire" bourgeoise. "Un revenant" est une charge, aux confins du pamphlet, contre une certaine bourgeoisie de province généralement mesquine et qui cumule ici toutes les tares de sa classe: l'avidité et le conformisme, la lâcheté et le mensonge, et par dessus tout, la peur du scandale. Henri Jeanson et ses dialogues incisifs, acerbes, Louis Jouvet, avec son art de l'ironie et de la formule lapidaire, s'en donnent à coeur-joie.
Jouvet trouve un rôle à sa mesure. Entre rancoeur, mépris et nostalgie amoureuse -il retrouve Geneviève dont on l'a privée jadis et qui s'est rendue complaisamment à un mariage bourgeois-
l'acteur fait une composition brillante d'homme désabusé et, peut-être, revanchard. Si vengeance il y a, François Nisard (François Périer), héritier de la maison Gonin-Nisard en même temps que jeune homme romantique et farfelu (l'image de Jean-Jacques au même âge?) pourrait en faire les frais ou en être l'instrument.