A l'heure où sortait sur les écrans le remake du québécois Christian Duguay, j'ai eu envie de découvrir la première adaptation du célèbre roman autobiographique de Joseph Joffo, dans lequel deux enfants juifs sous l'Occupation doivent quitter seuls leur famille parisienne, afin de gagner le sud de la France.
Dans un premier temps, il faut s'habituer au style du réalisateur Jacques Doillon : faux rythme, comédiens non-professionnels pour la plupart, et des enfants qui parlent comme des gosses d'aujourd'hui (au moment du tournage j'entends). Au moins ces gamins apparaissent-ils très spontanés et naturels, Doillon sachant parfaitement les diriger, en bon cinéaste de l'enfance.
Autre bémol : la narration n'est pas toujours limpide, de sorte qu'on ne comprend pas très bien certains passages. Par exemple, comment les nombreux juifs, rassemblés au café du village, font-ils pour passer finalement la ligne de démarcation sans problème, en suivant simplement Maurice?
Mais petit à petit, on se laisse charmer par ce récit initiatique au cœur de l'Occupation et de ses horreurs, et on suit avec intérêt cette balade aussi effrayante que bucolique à travers la France des années 40, de Paris à Menton, et jusqu'au village de Sospel.
"Un sac de billes" s'achève alors avec une poignée de très jolies scènes, où la grâce et le naturel des enfants fait merveille, les deux frères se disputant les faveurs d'une ravissante petite fille à l'accent provençal, dont le père est un libraire collabo, qui connaîtra un sort funeste à la Libération.
A noter que le jeune Richard Constantini, qui incarne le héros Joseph, connaîtra une petite carrière d'enfant-acteur durant les années 70, participant à quelques films tels que "Les passagers" ou "Attention, les enfants regardent".