C'est le titre original du film qui pour le coup donne une indication du caractère de ce shérif assez particulier. Le titre français lui est en décalage, à part qu'il situe la majeure partie de l'action et indique la fonction du personnage principal. Ceci dit, Coogan n'est pas shérif mais adjoint au shérif. Les shérifs étant élus, les adjoints le sont-ils aussi ? Je ne sais pas, en tout cas, le brave Clint prend quelques libertés avec ce qui est probablement attendu d'un représentant de cette fonction.
Le scénario est fort simple : l'adjoint de l'un des shérifs de l'Arizona est envoyé à New York (c'est d'ailleurs une sanction de son supérieur) pour escorter et ramener un détenu. A New-York, celui-ci lui file entre les pattes et notre adjoint le recherche malgré l'opposition de ses confrères.
Quasiment tout le film repose sur le décalage entre un shérif venu de l'Arizona et prompt à jouer au cow-boy implacable dans sa contrée, lequel se heurte à la bureaucratie des policiers locaux, à leurs méthodes incompréhensibles et à la faune particulier de la grande ville.
Le traitement est assez sérieux mais le film, qui est quand même daté, repose sur quelques clichés prêtant aujourd'hui à sourire comme, ô surprise, le machisme de Clint et des bons coups de poing dans la gueule.
Étrangement, alors qu'il est censé incarner la droiture des terres désolées de l'Arizona, le shérif prend quelques libertés avec le respect strict des procédures et même moralement en usant de ruse pour loger la copine du détenu en cavale avec laquelle il a d'ailleurs une relation. Chez la psy quand un plan fugitif montre la fiche de cette fille, il y a son âge : 17 ans. A moins que je ne me trompe car j'ai vu ce film en diffusion et non enregistré. Si c'est bel et bien le cas, la moralité relâchée de la grande ville aurait-elle contaminée ce héros ?
J'ai quand même du mal à ne pas voir un message politique ou idéologique dans ce film. L'Arizona c'est la terre, le travail dur, la ténacité et les braves gens, bref la morale et le bon sens. New-York : les policiers aux méthodes laborieuses et peu efficaces, les intellectuels se repaissant de jargon et psychologisant les criminels alors qu'ils ne devraient recevoir qu'un châtiment pour leurs exactions, la dissolution de la jeunesse à travers la drogue et la sexualité libérée des hippies, soit la dissolution de l'époque. Tout un programme.
Les femmes du film quant à elles sont assez caricaturales et répondent en cela à la caricature de l'adjoint. La mère aimante qui protège son petit s'oppose aux autres femmes qui attendent un homme (un vrai !) qui les séduise et les prenne en jouant particulièrement des stéréotypes : homme forcément viril et agissant et femme qui proteste mais finit par s'abandonner.
La fin du film est sans surprise : au terme d'une course-poursuite en moto un peu longue, l'adjoint au shérif est triomphant sur tous les tableaux : il arrête le détenu en cavale, gagne la reconnaissance de la police locale et la promesse de l'amour, quoique tardif, de la psy au-delà des différences culturelles. Ce qui donne une scène de départ et de fin assez "cliché".
Cliché, c'est peut-être à peu près tout ce que m'inspire ce film dont il transparaît néanmoins un certain humour mais, je le crains, pas forcément volontaire.