La rencontre de deux hommes dans une petite ville portuaire normande. Tenancier d'hôtel, Albert est un ancien alcoolique qui n'a pas bu une goutte depuis 15 ans. Gabriel est un publiciste de passage, qui se lamente d'une relation ratée avec une femme qui vit maintenant à Madrid, et qui a un gros penchant pour la bouteille...
Pas vraiment d'intrigue, il est davantage question ici de chronique (certains parlent même de "soulographie"...). Le film s'appuie donc beaucoup sur ses interprètes, et il faut dire qu'il y va très fort. Outre les nombreux seconds rôles de caractère, "Un Singe en hiver" c'est la rencontre entre la vieille garde du cinéma français (Jean Gabin) et la Nouvelle Vague (Jean-Paul Belmondo). Deux comédiens hauts-en-couleurs, qui donnent toute sa saveur à ce film, les bonnes répliques de Michel Audiard aidant.
Avec en prime un très joli cadre, combinant plusieurs villes normandes. Et quelques scènes amusantes, notamment lorsque Gabriel se prend pour un danseur espagnol ou un toréador.
Par contre, le propos sur l'alcool me parait trop naïf. J'ai malheureusement des connaissances alcooliques ou ex-alcooliques, il n'y a rien de glorieux ni de joyeux à les voir se détruire à petit feu, dans des cuites pathétiques. Le film semble suggérer qu'une grosse soulerie permet de "voyager" de manière poétique. Avec certes quelques trouvailles, mais on n'est parfois pas loin d'une apologie ou d'une banalisation de la bouteille.
Je dirais presque que le film a mal vieilli à ce niveau... mais déjà à l'époque il fut pointé du doigt pour cela (j'ai du mal à trouver la confirmation, mais il semble qu'il fut interdit aux moins de 18 ans à sa sortie !).