« For six centuries I was a loyal soldier to the vampire clan. » SELENE

En 2003, Underworld avait surpris les ténèbres du box-office en récoltant plus de 90.000.000$ à travers le monde, un exploit pour un projet dont le budget était modestement estimé à 20.000.000$. Ce succès financier marquait la résurgence d’un intérêt pour les récits vampiriques teintés d’une esthétique gothique prononcée. Pour le second chapitre, un budget nettement plus ambitieux de 50.000.000$ fut alloué, promettant une démesure visuelle et narrative à la hauteur de ses ambitions.

Pour perpétuer la magie obscure qui avait fasciné les spectateurs, le réalisateur Len Wiseman revient à la barre de ce vaisseau funèbre. Son regard artistique, marqué par des palettes de noir et d’acier, enveloppe à nouveau le récit d’une aura sinistre et élégante. À ses côtés, le scénariste Danny McBride reprend la plume pour tisser un récit où les lignées vampiriques et lycanes s’entrechoquent dans une danse macabre d’intrigues familiales et de vengeance séculaire.

Cependant, un changement significatif s’insinue dans cette continuité : le compositeur Paul Haslinger cède sa place à Marco Beltrami. Ce dernier, déjà reconnu pour ses partitions sombres et menaçantes, offre une bande-son qui amplifie les affres de ce récit gothique, conjuguant l’épique et l’intime pour accompagner les batailles crépusculaires et les tourments des âmes immortelles.

En 2006, les salles de cinéma voient l’avènement de Underworld : Evolution, un chapitre conçu pour surpasser son prédécesseur tant en ambition qu’en intensité. Malgré une performance honorable au box-office avec plus de 110.000.000$ récoltés à travers le monde, le spectre de l’échec plane sur les retombées critiques par la presse et les spectateurs.

Dès les premières images, cette suite affiche une ambition différente de son prédécesseur. Là où le premier film dépeignait un univers cloîtré dans des décors urbains oppressants, cette suite choisit de briser ces chaînes pour nous emmener dans des espaces vastes et saisissants. Les montagnes brumeuses et les forêts majestueuses de Vancouver remplacent les ruelles sombres et étroites de Budapest, offrant une toile gothique nouvelle où les combats titanesques prennent une dimension épique. Ce choix de localisation sublime les poursuites effrénées et ajoute un souffle glacial et grandiose aux affrontements. Ces étendues glacées, baignées d’une lumière blafarde, sont le théâtre parfait pour une histoire où la lutte entre vampires et lycans s’élève à des hauteurs mythiques.

L’introduction au XIIIe siècle est une véritable fresque épique, plongeant le spectateur dans une époque où le cuir et les armes à feu cèdent la place à des armures étincelantes et des tenues médiévales magnifiquement détaillées. Les costumes somptueux confèrent une authenticité visuelle rare, tandis que les décors moyenâgeux, imposants et richement travaillés, transportent dans une époque de brutalité et de grandeur.

Ce tableau saisissant est l’œuvre du talentueux Patrick Tatopoulos, dont la maîtrise des effets spéciaux et du design des créatures s’étend ici aux décors. Son travail confère une crédibilité indéniable à cet univers gothique. Cette ouverture ne se contente pas d’être un prélude visuel impressionnant : elle enrichit la mythologie des vampires et des lycans, nous dévoilant une violence ancestrale, un conflit viscéral gravé dans le sang et les âmes immortelles.

Patrick Tatopoulos, déjà reconnu pour son design des créatures dans Underworld, pousse ici son art à son paroxysme. Son rôle s’étend non seulement à la création des environnements, mais également à l’élaboration de personnages clés, à commencer par le vampire Marcus, antagoniste principal de cet opus. Marcus, membre des trois aînés comme Viktor et Amélia, est une création terrifiante et fascinante. Ses ailes semblables à celles d’une créature infernale, ornées de griffes et tachées d’une aura démoniaque, font de lui une entité à la fois élégante et dangereuse. Sa capacité à fondre sur ses proies et à les drainer de leur sang est magnifiquement rendue à l’écran, et ce personnage, s’impose comme une menace aussi mémorable que Viktor dans le premier opus.

Au cœur de cette épopée gothique, le couple formé par Selene et Michael Corvin, incarnés respectivement par Kate Beckinsale et Scott Speedman, reste le fil conducteur de l’histoire. Leur dynamique, portée par une tension constante et une complicité farouche, donne au récit une humanité fragile mais nécessaire. Cette course-poursuite haletante contre Marcus met en exergue leur complémentarité, tout en continuant à explorer les mystères de leurs origines et de leur destin. Le lien qui les unit, à la fois romantique et tragique, s’inscrit dans la tradition des grandes histoires gothiques où amour et malédiction se confondent.

Tony Curran livre une performance glaçante en tant que Marcus, se glissant dans la peau de ce vampire ancestral avec une intensité magnétique. Son visage marqué, à la fois bestial et noble, laisse une empreinte indélébile. Sa présence, à chaque scène, domine l’écran et évoque un véritable seigneur des ténèbres, habité par une soif insatiable de pouvoir et de vengeance. Marcus rejoint ainsi les rangs des antagonistes mythiques, rivalisant avec le charisme glacial de Viktor, que nous retrouvons brièvement dans le prologue, incarné une fois encore avec maestria par Bill Nighy.

Bien que les critiques, tant de la presse que des spectateurs, aient souvent jugé le film de manière acerbe, il reste un plaisir coupable pour les amateurs d’histoires gothiques. Certes, le scénario souffre de complexité et d’une certaine surcharge visuelle, mais c’est précisément cette démesure qui en fait une œuvre aussi fascinante que dérangeante. Chaque détail, du design des créatures à l’histoire tragique des clans, contribue à l’étoffe sombre de cet univers. Ceux qui, comme moi, prennent plaisir à plonger dans les abysses de cet affrontement éternel, y trouveront une source d’émerveillement sombre et intemporel.

Underworld : Evolution est une fresque gothique qui, malgré ses imperfections et les critiques acerbes, parvient à captiver par son ambition visuelle et son approfondissement de la mythologie vampirique et lycane. Grâce à des décors somptueux, des personnages mémorables comme le redoutable Marcus, et la dynamique puissante de Selene et Michael, le film offre un spectacle sombre et grandiose. Bien qu'il soit souvent perçu comme un plaisir coupable, il reste une œuvre marquante pour les amateurs d'univers ténébreux, où l'esthétique et l'intensité priment sur la subtilité narrative. Un chapitre imparfait mais essentiel pour quiconque souhaite plonger au cœur de cet affrontement éternel.

StevenBen
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Steven Benard

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