C'est un fait connu des amateurs de western, et on pourrait étendre le fait à bien d'autres genres, que les traductions françaises des titres sont plus faites pour tenter d'aguicher le public que pour respecter l'original. Une aventure de Buffalo Bill donc, n'est pas une aventure du célèbre éclaireur et chasseur de bisons, le personnages principal étant en fait Wild Bill Hickok. Sans doute les distributeurs de l'époque auront-ils jugé le Hickok peu connu du public français.
Concernant le film lui-même, il est placé d'emblée sous le signe de l'épique, puisque même le générique semble pressé de partir à l'aventure, préfigurant ceux, devenus iconiques, de la franchise Star Wars. The plainsman donc, puisqu'on préfèrera son titre original, aura son lot d'action.
Trois personnages sont au centre : Hickok donc, joué par Gary Cooper. Buffalo Bill, joué par un acteur quelconque, démontrant à chaque scène, par opposition, le charisme minéral de Gary Cooper. Et enfin Calamity Jane, interprétée par Jean Arthur, dont ce n'est pas la faute si son rôle est si mal écrit. Car enfin, entre la midinette qui se consume d'amour pour Gary Cooper et la femme dure à cuire, il y a un monde entier que le film franchit allègrement, au pas de course.
Bref, le principal problème de ce western, c'est l'écriture à trois rôles, dont seul le rôle principal est remarquable.
Pour l'histoire, il s'agit plus ou moins de celle qui fera le roman et le film Little Big Man, mais sans l'humour, et bien plus réactionnaire et nationaliste bas du front. On y croisera donc Lincoln, Custer, et le film sera l'apologie de Hickok, sale type dont ce que j'ai lu dans les livres d'histoires rend la version Little Big Man plus proche de la réalité. Est-ce que cela nuit au film? Pas vraiment. Ce qui compte est que le Hickok du film est un beau personnage tragique, héros droit dans ses bottes habituel au western, mais en plus fragile, sensible à l'amour désespéré que lui voue Calamity Jane. Et ce portrait suffirait à faire de The plainsman une vraie réussite, si on ne se contentait pas du spectacle.
Et quand même, Cecil B.DeMille admet que si les indiens torturent à l'occasion, ils respectent leur parole, et s'ils sont sur le sentier de la guerre, c'est parce qu'on envahit leur territoire et que des blancs leur fournissent de quoi continuer la lutte dans le but de s'enrichir. Un bon point pour le film, à une époque où le portrait des indiens est généralement bien moins nuancé.
Et puis, il y a des fusillades, des parties de cartes, des méchants très méchants, des gentils dépassés par les événements, Anthony Quinn en indien, de beaux paysages, bref, tous les ingrédients d'un grand spectacle. Entre l'engouement ultérieur pour le western comme genre anobli par la critique (Pacific express, Stagecoach), et l'enthousiasme du début du parlant (on peut entendre les coups de feu!!!), malgré ses défauts, The plainsman formera un chaînon de qualité.