S’il est particulièrement reconnu pour ses films de science-fiction, genre dans lequel il réalisera des classiques instantanés, avec des titres comme It Came From Outer Space (Le Météore de la Nuit), Creature From The Black Lagoon, ou encore The Incredible Shrinking Man (L’Homme Qui Rétrécit), Jack Arnold a également œuvré dans un genre typique de la production Hollywoodienne, le western.
Reconnu comme étant un spécialiste de la série B intelligente, cet habile cinéaste se caractérisait par son style direct, ses montages nerveux et sa capacité à raconter beaucoup de choses en peu de temps. No Name in The Bullet (Une Balle Signée X…) est son quatrième et dernier western, avant qu’il parte officier dans la série télé. Il réalisera plusieurs épisodes de Rawhide, qui révéla un certain Clint Eastwood, ou encore Perry Mason, Gilligan’s Island (L’Île Aux Naufragés), etc…
En plus de posséder un titre directe et significatif, Une Balle Signée X est un western de série B d’apparence classique, avec un schéma narratif sans fioriture, le fameux cow-boy solitaire qui arrive dans une ville. Après avoir traversé d’immenses espaces montagneux et rocailleux, bien entendu pour joindre deux villes dans les immenses territoires américains, on a toujours l’impression d’effectuer une odyssée, il arrive dans cette bourgade, où il devient immédiatement un suspect.
N’oublions pas que nous sommes en pleine guerre froide, et que tout ce qui vient d’ailleurs est souvent stigmatisé comme suspect dans le cinéma de genre américain. Bien sûr, chez Arnold comme chez beaucoup d’autres cinéastes d’ailleurs, les apparats apportent leur pesant de complexité, et le mal ne se trouve pas toujours là où la vindicte populaire voudrait qu’il soit.
Interprété par Audie Murphy, qui en plus d’un excellent acteur de série B, était reconnu comme l’un des soldats américains les plus décorés de la seconde guerre mondiale, le personnage de John Gant présente les caractéristiques de l’antihéros notoire. D’allure suspecte, look de despérado, il arrive menaçant et ne tarde pas à déclencher les interrogations de la part des citadins, quand il prévient qu’il vient régler des comptes. Dès lors, chaque quidam de cette paisible, en apparence, ville quelconque se met à virer à la paranoïa. On sait que quelqu’un doit y passer, mais on ne connaît pas le mobile.
Comme les grands petits films des auteurs de la série B US, celui-ci possède un style direct et ne s’éternise pas dans de vains discours. On est dans un genre pure, dont les codes avérés n’ont pas besoin de développements à rallonge ou de justifications quelconques. L’intérêt se trouve ailleurs. En 1 heure et 17 minutes, le réalisateur parvient à dire beaucoup sans forcément faire dans la démonstration. Il réussit à installer un climat de suspicion qui met à mal le bon fonctionnement de cette ville d’apparence paisible. Le sacro-saint brave citoyen devient un potentiel suspect ? Ou une victime ? Ne connaissant pas le mobile de cette quête on reste sur ce questionnement jusqu’à la dernière image du film.
De prime abord, le personnage de John Gant, un nom court à consonance affûtée comme une lame de couteau, est montré comme énigmatique, il profère une menace et ne nomme personne, il sème le doute chez monsieur tout le monde, et met à mal la sérénité de cette ville d’apparence paisible, en créant une véritable panique chez les bons habitants qui semblent tous avoir quelque chose à se reprocher, puisqu’ils se sentent tous menacés. C’est en ce sens que ce petit western de série B devient intéressant. Personne n’est innocent aurait pu en être le titre. Puisque le doute est instillé et le demeurera jusqu’au dévoilement final.
Direct, concis et sans fioritures, ce petit western de facture classique possède en plus d’être court, la capacité d’en dire beaucoup et d’interroger la conscience des personnages dans leurs apparats préalables, tout le reste est une affaire de colt. L’art de la série B dans tout ce qu’elle a de noble.