‘Une belle course’ est un film d’une niaiserie confondante et son scénario d’une prévisibilité navrante. L’ensemble mélange deux époques avec une vraie maladresse. Et les acteurs ne permettent pas de sauver ce naufrage.
Madeleine, 92 ans, appelle un taxi pour rejoindre la maison de retraite où elle doit vivre désormais. Elle demande à Charles, un chauffeur un peu désabusé, de passer par les lieux qui ont compté dans sa vie, pour les revoir une dernière fois. Peu à peu, au détour des rues de Paris, surgit un passé hors du commun qui bouleverse Charles.
‘Une belle course’ est ce qu’on pourrait appeler un fim-cahier des charges tant il est programmatique. Il met en lumière en haut de l’affiche un couple de stars très appréciés : Line Renaud et Dany Boon. En conséquence, l’histoire en flashback de Madeleine jeune est totalement sacrifiée. Le film a été produit par TF1. Il est programmé pour faire un succès au box-office puis de l’audience sur la première chaîne. Le film est donc assez aseptisé, sans réelle âpreté. Le réalisateur fait son film comme il ferait sa petite dissertation. Le déroulé est attendu, la fin l’est tout autant. Le duo que tout oppose au départ s’apprivoisera.
La partie contemporaine est franchement ennuyeuse. On assiste à une visite de Paris qui n’a que peu d’intérêt. On part de Brie sur Marne, on passe devant Notre-Dame en travaux, devant le pont Bir Hakeim, dans l’Avenue Parmentier. On va faire pipi dans un restaurant chinois. Tout cela n’a aucun n’intérêt. On observe la Conciergerie et le Palais de justice. Paris est vraiment mal filmé. Evidemment, la ville est embouteillée. Les gens conduisent comme des patates. Il y aura au moins deux motards ou cyclistes (je ne sais plus) qui accrocheront le taxi avec les invectives qui vont avec.
Le passé de Madeleine s’insère lourdement dans l’histoire. On tombe alors dans le pire mélodrame qui soit. Il y a trois flash-backs. Le premier raconte sa vie avec son mari violent et le fils qu’elle a eu avec un GI américain quelques années auparavant. Ces scènes sont maladroites. Il y a trop de musique, l’image jaunâtre est d’une laideur sans nom et les acteurs sont mauvais, particulièrement celui qui joue le mari. Le deuxième flash-back est le procès de Madeleine jeune après qu’elle a brûlé les parties génitales de son mec. Rarement, a-t-on vu une scène de procès aussi mal foutue, mal filmée. Il n’y a absolument aucune tension. Les acteurs gouaillent pour tenter de retrouver la langue de l’époque mais franchement, c’est ridicule. Le dernier flash-back est moins raté et signe les retrouvailles entre la mère et son fils après les années de prisons quand celui-ci s’en va être photographe de guerre au Viêt-Nam.
Peut-être que Christian Carion souhaitait raconter un destin hors-du-commun lié à l’histoire de la France. Madeleine a connu la seconde guerre, l’après-guerre, le Viêt-Nam. Elle est un peu le témoin d’une époque que le chauffeur n’a pas connu. Cette génération a vieilli et la plupart de ces représentants sont morts. Mais le film est mal foutu. Comme dit plus haut, le réalisateur a un duo de tête d’affiches et doit centrer son film sur eux. Du coup, le passé de Madeleine jeune est totalement escamoté.
Dany Boon et Line Renaud sont de bons comédiens. Il n’est pas interdit d’être touché par Line Renaud et sa performance. Elle est toujours aussi charmante. Elle envahirait l’Ukraine, on la trouverait toujours sympathique. Quant à Dany Boon, il est bien mais son personnage est tellement mal-écrit. Il est chauffeur de taxi, donc il est forcément désagréable et ronchon.
Mais franchement, le film est mauvais.