Idée originale et même assez corrosive que celle d'un milliardaire décidant de « s'acheter » une famille en (grosse) difficulté financière pour le sortir de l'ennui ! Hélas, sous la moulinette du gentil Jean-Pierre Améris, « Une famille à louer » se transforme rapidement en comédie gentillette et simpliste, se limitant souvent à une opposition lourdingue grands-bourgeois complètement indifférents à la pauvreté vs prolos vulgaires et bruyants : ce n'est pas avec ça que l'on va faire évoluer la situation du pays, l'analyse sociale étant proche du néant. De plus, le film est en définitive loin d'être aussi drôle que prévu, certaines situations se répétant inutilement tandis que l'on a beaucoup de mal à croire à cet amour naissant de façon inattendue, la fadeur de certains dialogues n'y étant pas non plus étrangers.
Malgré tout, je dois avouer ne pas avoir passé un mauvais moment, le charme des acteurs faisant une part du boulot (Benoît Poelvoorde a beau en faire trop, il se révèle plutôt touchant en anti-séducteur fragile et maladroit (et légèrement maniaque), tandis que Virginie Efira a beau ne pas être très crédible en prolo pure souche, son charme et sa beauté font la différence, sans oublier deux jeunes acteurs pour une fois à leur avantage : Pauline Serieys et Calixte Broisin-Doutaz, une jolie surprise. Après, ne nous leurrons pas : voilà un potentiel énorme gâché par un immense excès de gentillesse et de naïveté (je n'ose imaginer ce que la comédie italienne de la grande époque aurait pu faire d'un tel sujet!), mais il y a une sorte de tendresse, de bienveillance, de sincérité et surtout une excellente bande-originale (surtout si vous aimez Tchaïkovski!) qui nous poussent à un minimum d'indulgence. Un peu faible, quand même.