Il ne faut pas forcément craindre d’un titre prévu pour l’international un buffet d’images népotistes qui fait rouler des yeux en disant ”Ils sont fous ces Italiens !”. Il faut juste suspendre son incrédulité un peu vite car les personnages sont envoyés directement sur une île pour subir une tempête du siècle que Bergman n’aurait boudée que pour la chaleur, mais qui a surtout le tort de présenter les caractères sans soin ni inventivité.
Un tour de passe-passe & voilà que la réunion de famille d’un jour s’allonge de deux : ce n’est pas l’hypocrisie qui empêchait les invités de prendre congé, car personne ne s’est jamais gêné pour dire ses quatre vérités entre autant de z’yeux. Il n’y avait donc pas un ange exterminateur mais plusieurs, autant de ressentiments que l’imprévu fait exploser dans des drames de famille qui se bousculent.
En sa qualité de film familial, Une Famille italienne n’offre rien de spécial & il balance vraiment tout d’un coup à la figure du spectateur, remplissant joyeusement les lits la nuit & déliant sans moins de délices les langues de jour. Bizarrement, la réussite de la famille n’est pas relationnelle mais bêtement technique, parce que le casting est modeste mais enfle à la dimension d’une foule comme la caméra ne s’intéresse qu’aux humains & que le montage se refusera à laisser le moindre conflit en suspens. Si tout arrive d’un coup, c’en est un… de théâtre : un théâtre multi-tableaux où la caméra danse agilement, sûre d’elle, pas curieuse mais témoin, jusqu’à ce que des erreurs attribuées aux acteurs – des sourires trop insistants, par exemple – passent aux protagonistes, épaississant leur crédibilité sans qu’on ait à les connaître vraiment.
Chercheurs de nouveauté & concepteurs de familles modernes, passez votre chemin. En revanche, si les îles cathartiques méridionales que peuplent autant de cactées que d’actes inconsidérés vous intéressent, il y a de quoi manger.
→ Quantième Art