Je connaissais Mimi Leder pour son Deep Impact, film qui reste aujourd'hui un de mes plaisirs "coupables" en matière de cinéma. Question culpabilité, elle aplanit bien les choses en assénant On the basis of sex, œuvre qu'on croirait écrite par un avocat tant c'est un festival d'éloquence judiciaire (je n'étais pas loin de la vérité : c'est le neveu de l'avocate dont il est question dans l'histoire qui l'a écrit).
Évidemment, c'est une éloquence un peu fallacieuse, adaptée au divertissement, qui me fait regretter la demi-mesure de son ton réaliste, peu épique et davantage concentré sur la saveur des biopics modernes que sur celle des fameuses épopées judiciaires qui ont brillamment ponctué l'histoire du cinéma américain. Mais je m'égare en pinaillage à seule fin de m'assurer que je ne l'ai pas adoré par erreur, ni pour le désavouer aussitôt. Mais voilà une semaine que je l'ai vu et le souvenir reste intact.
Confrontation constante du conservatisme et du progressisme, le film peut difficilement laisser somnoler notre sens critique, mais ne l'éveille pas non plus pour le happer dans un circuit fermé : il captive mais instruit, puisant dans l'historique de la loi américaine pour l'exposer avec juste ce qu'il faut de pédagogie, sans condescendance ni revendications particulières, ni larmoyer ou s'emporter. Le film est un hommage à la beauté intérieure de toutes les femmes, présentant l'abnégation et la frustration comme les fardeaux que des générations d'entre elles ont dû porter pour arriver à se faire entendre de la société sur un de ses retards les plus reniés : leur place. Des fardeaux mais aussi des raisons pour nous d'en vouloir plus de la part de cette histoire captivante, de cette ambiance qui régale, et de Felicity Jones.
Ça fait du bien de profiter de deux heures d'un divertissement jouissif quand on sait que de tels efforts ont existé et porté leurs fruits. Encore plus quand on sait que c'est un biopic chaudement approuvé par la personne dont il dépeint la vie.