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"Une femme disparait" a été réalisé en 1938 par Hitchcock dans sa période anglaise d'avant-guerre. C'était une période où il tâtait de l'espionnage avec "les 39 marches", "Quatre de l'espionnage", "Agent secret", ... Alors que ceux cités sont de l'espionnage pur et dur (enfin à peu près), "Une femme disparait" s'accompagne d'une bonne dose de second degré et d'humour.


La première partie du film qui dure quand même une petite moitié ressemble à un jeu de pistes avec des tas de culs-de-sac. On est dans un hôtel perdu au milieu de la montagne dans un pays des Balkans, le Bandrika (qui me fait penser à la Bordurie chez Hergé). L'hôtel submergé par cet afflux de clients dû à une malencontreuse avalanche n'a pas assez de chambres ni de nourriture. On y trouve pêle-mêle des gens (british) très différents qu'on retrouvera ultérieurement dans le train. On pourrait dire que cette première partie sert à présenter les différents personnages et les différents caractères. Il va y avoir les éternels grincheux comme ces deux qui comptent les heures qui le séparent d'un match de cricket à Londres mais aussi la femme qui doit rejoindre son fiancé pour se marier, le musicien sans-gêne et goujat qui empêche de dormir tout le monde ou l'exquise vieille dame anglaise qui rentre au pays.
On se demande bien ce que manigance Hitchcock qui nous embarque sur des fausses pistes en terme d'action mais aussi au niveau des caractères des personnages.
En définitive, on ne comprend rien à ce joyeux bordel qu'on subit tranquillement car Hitchcock, visiblement, s'amuse à nous amuser.
Par exemple, la serveuse (un brin coquine et très rieuse) doit laisser sa chambre aux deux anglais pudibonds (ceux préoccupés par le match de cricket) mais on sent bien qu'elle serait bien restée passer la nuit avec eux ...


Puis dans le train, brusquement on se trouve confronté à la disparition d'un des voyageurs. "Disparition inquiétante", comme on dirait aujourd'hui chez nous.
Cette fois, Hitchcock montre le bout de son oreille et le mystère se transforme peu à peu en thriller jusqu'au dénouement. Mais le ton de la première partie ne change pas car les personnages ont les mêmes réactions décalées ou les mêmes tics typiquement anglais de la première partie. Des scènes amusantes comme celle où les deux héros se trouvent dans le fourgon qui contient le matériel d'un illusionniste, qui s'avèrera d'ailleurs être une fausse piste ou encore la bonne sœur qui porte des talons hauts fort peu catholiques.
C'est d'ailleurs une caractéristique du style de Hitchcok de sortir de temps à autre (de son chapeau) un détail auquel le spectateur ne prête pas immédiatement attention mais qui va s'avérer être un indice qui fera avancer l'action.


Le casting, efficace et bien mené, repose sur des acteurs que je ne connais guère ou très peu, car ils sont principalement des seconds rôles du cinéma anglais ou des acteurs de théâtre. Le couple des héros qui mène "l'enquête" sont interprétées par Margareth Lockwood et Michael Redgrave. Il en de même pour la gentille vieille dame qui est interprétée par une certaine Dame May Whitty. Pour cette dernière, j'ai l'impression de l'avoir déjà vue dans d'autres films mais l'examen de sa filmographie sur Wikipedia ne m'a guère renseignée.
Un autre personnage me fait le même effet, c'est Paul Lukas dans le rôle du docteur.


Pour conclure, ce film me semble annoncer par certains côtés "la mort aux trousses" qui est aussi un film d'espionnage dans lequel l'espionnage est en toile de fond sans qu'on s'y intéresse spécialement et dont on ne saura rien (ou si peu).
"Une femme disparait" est un film d'espionnage de Hitchcock que j'ai bien apprécié pour son humour sous-jacent et la désinvolture de Hitchcock pour mener tambour battant l'intrigue et le dénouement (je pense entre autres au fiancé avec son air benêt et niais attendant la voyageuse sur le quai de la gare qui préfère soudainement le fuir ; ce qu'on comprend parfaitement)

JeanG55
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le 15 mars 2022

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JeanG55

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