"A Lady Vanishes" constitue l'avant-dernier film tourné par Alfred Hitchcock en Angleterre, deux ans avant son départ pour Hollywood. Et cette tragi-comédie d'espionnage est une belle réussite, bonifiée par la mise en scène inspirée de celui que l'on ne surnomme pas encore le Maître du Suspense.
Dans un pays fictif d'Europe centrale, des chutes de neige ont bloqué les passagers d'un train dans un hôtel soudain surpeuplé. Durant cette première partie sur le ton de la comédie, Hitchcock nous présente ses personnages, qui composent une foule bigarrée et cosmopolite.
Il y a là notamment deux britanniques amateurs de cricket, trois jeunes américaines en vacances, venues célébrer l'enterrement de vie de jeune fille de l'une des leurs, un jeune homme expert en musique folklorique, et une sympathique vieille dame un brin mystérieuse, qui assiste de sa fenêtre à une étrange agression.
Le lendemain, après une nuit agitée, le train peut repartir. Mais lorsque la future mariée constate la disparition inexpliquée de cette vieille dame, on comprend que le voyage ne se déroulera pas aussi tranquillement que prévu...
Un an seulement avant la Seconde Guerre Mondiale, Hitchcock signe une œuvre ancrée dans son époque, divertissante mais loin d'être insouciante, qui fait écho à l'actualité brûlante et aux préoccupations de ses contemporains.
D'ailleurs si le début du film se veut résolument humoristique, et si la suite joue habilement la carte du mystère et de l'étrange, on ressent également une forme d'inquiétude, et certaines séquences ne masquent pas l'état de tension des relations internationales, à l'image de la longue fusillade finale.
Un mot sur la distribution : autour du couple central Michael Redgrave - Margaret Lockwood, qui apporte la touche de charme et de romance contrariée (sur le mode des opposés qui finissent par s'attirer), on retrouve avec plaisir le savoureux duo composé de Naunton Wayne et Basil Radford, ainsi que l'inquiétant Paul Lukas et la fantasque May Whitty.