Du cinéaste chilien Sebastian Lelio reste le souvenir du magnifique portrait de femme de Gloria, son précédent film. Une femme fantastique est un cran en dessous mais de très peu en définitive et le style du cinéaste, fait d'élégance et de précision, n'est pas plus mis en défaut. Le film prend Marina à un moment critique de sa vie quand elle perd son compagnon. Dès lors, elle n'est plus une femme invisible mais est vue comme une créature embarrassante parce qu'elle symbolise, du moins du côté de ceux qui la jugent, une "différence" inacceptable surtout dans un pays catholique et conservateur comme le Chili. N'importe quel autre cinéaste aurait sans doute centré son film sur la recherche d'identité de Marina. Pas Sebastian Lelio car seul lui importe de montrer la dignité et la bravoure de cette femme fantastique. Et par ricochet l'intolérance et le regard dépréciateur des autres, ceux qui sont parait-il "normaux". Beau scénario, tout en subtilité (primé au festival de Berlin) et sublime performance de Daniela Vega. Le cinéaste multiplie les gros plans et suit son héroïne en marche dans Santiago, le souffle parfois court mais toujours volontaire et ne revendiquant rien d'autre que la justice et le respect. Eclairé et cadré avec un goût infini mais sans esthétisation, le film confirme le grand talent de l'un des tous meilleurs cinéastes latino-américains d'aujourd'hui.