Là où Laurence Anyways de Xavier Dolan et La Piel que Habito de Pedro Almodovar avaient excellé, Sebastián Lelio propose une réflexion sur l'identité tout à fait intéressante bien qu'un peu moins aboutie.
L'ignorance de beaucoup sur le sujet de la transexualité est assez finement abordée puisqu'elle s'exprime autant dans la méchanceté insoutenable des proches du défunt que dans la maladresse tout aussi coupable d'un médecin et d'une commissaire peu informés sur la question. C'est ainsi qu'à plusieurs reprises, le spectateur se surprend à voir cette femme fantastique à travers les yeux d'une société chilienne conservatrice : une créature monstrueuse autant par ses actes qui renvoient tout un chacun à repenser les schémas sociétaux classiques, que par son apparence physique - la peur de la métamorphose s'exprime par un visage ligoté au ruban adhésif. Le film invite à oser une réflexion encore aujourd'hui peu amorcée sur les thématiques d'identité.
Le travail soigné sur l'image, l'importance des gros plans et la dimension comique et décalée de plusieurs scènes n'est pas sans rappeler le travail d'Almodovar - sans en atteindre l'intensité ni l'originalité.