"Mabel n'est pas folle, elle est différente !"
Il m’apparaît extrêmement difficile d’écrire une critique constructive ou objective sur ce film, encore plus « à chaud » comme on dit, tant j’ai surtout envie d’en livrer mon ressenti. Un fort ressenti.
Je n’irai pas par quatre chemins : j’ai trouvé « Une femme sous influence » magnifique.
Mais attention, pas magnifique parce que le réalisateur nous balancerait de jolis plans toutes les 30 secondes, ni parce qu’il nous conterait une belle histoire. Non.
Magnifique de justesse. Cassavetes sublime le quotidien, le simple, élève la banalité au rang d’art. Ici on est loin d’Hollywood, du cinéma spectacle. Ici, tout sonne vrai, on en oublierait presque que l’on regarde un film.
Magnifique parce que malgré sa durée et la lenteur on est complètement happé par ce film, et quand cela finit on se dit que l’on repartirait bien pour 2 heures et demie de plus, volontiers même. Énormément de choses nous sont montrées, par des gestes, des regards et les dialogues ne sont qu’accessoires par moment.
Magnifique grâce à Gena Rowlands. J’ai été subjugué par son interprétation. Elle a su rendre cette joie de vivre enfantine mêlée de frustration, cette folie douce menant à la crise de nerf d’une façon qui m’a soufflée. Cassavetes offre à l’actrice l’un des plus beaux rôles de femme qu’il m’ai été donné de voir. Cette femme dont le seul tort finalement, serait peut-être de ne pas être adaptée à la société, d'être toujours mal à l'aise avec sa famille, ses voisins, les gens quoi... Son monde à elle, c'est son mari.
Magnifique monsieur Peter Falk, qui prouve, si besoin est, qu’il n’est pas QUE l’inspecteur Columbo. Cet homme qui à deux doigts de ne plus la supporter, n’est malgré tout que l’ombre du lui-même quand Mabel, sa femme n’est pas là. Homme qui se révèle finalement aussi instable qu'elle... C’est qu’il l’aime Mabel… Impossible d’en douter. Qu’il l’embrasse, lui sourit, l’engueule ou la gifle, il l’aime.
Magnifique parce qu’à la fin, on aime tous Mabel.