John,beau ténébreux trentenaire,est le virevoltant patron d'une maison de couture spécialisée dans les robes de mariées.C'est surtout un détraqué dont le curieux hobby consiste à trucider des jeunes mariées au hachoir.Pourquoi cette détestable habitude?C'est aussi ce qu'il se demande.Ca remonte bien sûr à un trauma subi durant son enfance,et à chaque fois qu'il commet un meurtre,un fragment de ses souvenirs réapparait.C'est thérapeutique,en fait,son truc.Pourvu qu'il retrouve la mémoire avant d'avoir zigouillé toutes les épousées de frais de la région!Comme tout bon serial killer,il devient de plus en plus dingue et augmente la cadence des assassinats à mesure que l'étau policier se resserre autour de lui.Mario Bava était un très bon réalisateur mais on ne va pas se mentir,ce bric-à-brac psycho-sexuel n'est pas sa meilleure bavasserie.Il s'agit d'un giallo,ce genre mêlant polar et horreur qu'il a popularisé et qui était inspiré par des romans de gare italiens à la couverture jaune.Le film est lent,et même figé par instants.Le but de Bava est de nous immiscer dans le cerveau dérangé de son héros en tentant de nous faire appréhender sa vision des choses en utilisant pour cela des images stroboscopiques ou floutées lors des flashbacks du trauma originel,et en matérialisant ses hallucinations.Le problème est que tout ceci,sur le fond comme sur la forme,est vraiment daté.Sur un scénario proche de celui de "Six femmes pour l'assassin",qu'il avait réalisé six ans plus tôt,le cinéaste déroule l'habituelle histoire du mec que d'atroces évènements de son enfance placée sous le signe du complexe d'Oedipe ont rendu fou et impuissant.Hélas,ce que John va mettre une heure et demie à découvrir,le spectateur le devine dès le premier flashback,ce qui provoque un ennui distingué que ne viennent guère troubler des dialogues ampoulés,des acteurs jouant faux à la limite de la parodie,des meurtres escamotés par la caméra et un érotisme fort timide.Ajoutons qu'on ne sait pas trop où se situe cette coproduction italo-espagnole interprétée par des comédiens venant d'un peu partout dont les personnages ont des noms anglais.On peut parier sur Paris puisque le flic roule en DS et que la Tour Eiffel apparait à un moment.N'oublions pas la musique d'ascenseur très cool qui ne cadre que moyennement avec l'ambiance du film.Tout n'est cependant pas à jeter,car Bava livre un bel objet filmique.Mario est un ancien opérateur et ça se voit car il apporte un soin particulier à la photo,qu'il signe lui-même.D'où ce travail superbe sur la lumière et les couleurs,le visuel allant du très vif au clair-obscur.D'autre part,il fabrique des plans magnifiques,extrêmement composés,trouvant des angles de prises de vues originaux et efficaces.La beauté et le luxe des décors et des accessoires,qui ont visiblement fait l'objet de beaucoup de recherche,est également à signaler.Il est aussi bien sympathique de se replonger,via les vêtements et les coiffures genre "Swinging London",dans ces années 60 finissantes.Stephen Forsyth,dans le rôle principal,est mal dirigé mais son physique colle bien au personnage,tandis que Laura Betti,actrice surcotée,confirme qu'en plus d'être moche elle est une piètre comédienne.Autour d'eux papillonnent quelques "usual suspects" du ciné bis européen de l'époque,comme la très hot Dagmar Lassander ou ces bons vieux Alan Collins et Gérard Tichy.Notons que Lamberto Bava,le fils de Mario et futur réalisateur de "Démons",est ici assistant de son père.