Un sens du cadrage, du rythme dans le montage. Du talent pour installer une ambiance. Mais des lourdeurs, maladresse dans les dialogues et certaines lignes du scénario. En vrac: le coup de sang de John au sujet du frigo défectueux (sans parler de l'éclat de rire absurde et méprisant face à Lasse, juste un peu avant concernant la vieille voiture à repeindre), que l'on peine à justifier alors qu'il est provoqué par rien, sans parler de la crise de nerf en forêt lourdement appuyée et parachutée (sentiment d'humiliation sociale, angoisses pour sa fille, désir de vengeance refoulé); le même John qui sort à sa fille, sans préalable: "ta mère est pauvre...et moi je suis une merde", et tire au fusil dans son salon sur les moineaux !
L'opposition adultes névrosés, dépressifs, méchants, snobs, machos, méprisants, contre innocence des tourtereaux m'apparait trop caricaturale en fait ! (on retrouve bien ce besoin d'en appeler à une morale angélique pour sauver le monde !). Il n'empêche que la douceur et la vérité des instants entre Annika et Pär sont irrésistibles: rencontre près de la buvette, séquence dans l'appartement, scène de la cabine téléphonique et retour à vélo vers la maison...Beaucoup de talent mais des maladresses incompréhensibles qui tombent comme des briques, et que l'on retrouvera dans les films suivants (de mémoire dans "Le pigeon...", l'homme solitaire au café qui annonce à l'assemblée - personne sauf la serveuse - son avarice, source de sa solitude ! Pas très subtil !).