Les premiers regards, discrets, volés à la dérobé. Les yeux qui se croisent, les sourires, les joues qui rougissent. La séduction maladroite, les bandes d’amis, deux univers qui s’entrechoquent. La peur de l’inconnue, la timidité, les messages par intermédiaires. Enfin tous les deux, les premiers mots, les sourires partagés. Le plaisir d’être ensemble, les caresses timides, les pelles à s’en décrocher la mâchoire. Le voyage initiatique, découverte fantastique, la passion dévorante.


Le regard innocent, la fouge sincère, l’amour passionnel.
L’amour à 13 ans.


Derrière ses airs doucereux, son imagerie magnifique et son pouvoir nostalgique se cache surtout une vision dépressive d’une humanité qui a depuis longtemps perdu son regard innocent, sa fouge sincère et son amour passionnel. Les scènes légères et poétiques de jeunes qui jouent au durs la clope au bec dans leurs vestes en cuirs, parcourent le monde qui les entoure et savourent l’instant présent sont entrecoupés de passages lourds et pesants d’adultes embourbés dans la banalité de leur vie de les jours, qui passent leur temps à parler pour ne pas rester silencieux ou à se crier dessus. Des adultes qui ont vu leurs amourettes adolescentes et leurs rêves mourir depuis longtemps déjà.


Le monde coloré et embrasé de lumière des jeunes adolescents, contre celui grisâtre et obscurci par un épais brouillard des adultes.


Les plus jeunes sont magnifiques d’insouciance, filant dans la ville comme des rockstars en parade, les cheveux au vent, les phares de leurs solex illuminant la nuit tombante. Les plus vieux sont horribles de gravité, recroquevillés sur eux même comme des escargots dans leurs coquilles, les yeux éteints, le son de leurs banals échanges comblant le silence de leur triste appartement. Les jeunes rient, partagent, se livrent, se lâchent, expérimentent passionnément ce que la vie leur offre. Les adultes crient, calculent, se contiennent, se cachent, s’apitoient mollement sur ce que la vie leur fait subir.


L’innocence juvénile comme révélateur de la médiocrité des adultes.


Authentique, pure, touchant et attachant pour tous les anciens adolescents que nous avons été. Un film en avance sur son temps, toujours aussi puissant, 45 ans après sa sortie.

Clode
8
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le 4 mai 2015

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Clode

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