Dire que j'avais longuement hésité avant de le voir... Oui, c'est vrai : Robert Guédiguian est parfois un peu didactique, son parti pris pour la cause arménienne étant on ne peut plus évident (comment le lui reprocher?). Mais bon, sans être un esthète, celui-ci garde un don inné pour nous raconter une histoire, à la fois simple et complexe, le tout sans jamais perdre de vue sont point de départ initial, entremêlant le destin des différents personnages avec beaucoup d'aisance et de talent. Le regard est ainsi beaucoup moins manichéen qu'on aurait pu le craindre, celui-ci prenant le soin de montrer les conflits idéologiques au sein des rebelles arméniens, loin d'être idéalisés.
Cela manque peut-être un peu d'émotion, ce qui n'empêche pas la beauté de certaines scènes, quelques-unes s'avérant même vraiment poignantes. A noter qu'au milieu d'un beau casting, Grégoire Leprince-Ringuet s'avère pour une fois très convaincant, tout comme la révélation Syrus Shahidi : un nom à suivre de près. Le fait que les 130 minutes ne se ressentent absolument pas est d'ailleurs significatif, tout comme cette (longue) introduction qui aurait pu apparaître bien lourdaude mais ne faisant en définitive qu'éclairer un peu plus le récit. Une belle réussite, une de plus dans la carrière du talentueux cinéaste marseillais.