Pour ses débuts derrière la caméra, Sandrine Kiberlain n'a pas fait dans la facilité pour raconter l'histoire d'une jeune femme juive durant la Seconde Guerre mondiale, où elle témoigne d'une évidente sensibilité pour évoquer le quotidien de cette famille, offrant quelques très jolis moments et évitant le manichéisme pour offrir des personnages assez bien écrits, prenant autant soin des premiers que des seconds rôles.
Reste qu' « Une jeune fille qui va bien » ne donne pas l'impression de voir la grande blonde à tâche de rousseur maîtriser pleinement son sujet : si j'imagine que le rythme est volontairement lent, on frôle parfois la pose et il serait mentir de ne pas écrire qu'on s'ennuie parfois légèrement. On sent que les moyens ne sont pas illimités, notamment concernant les décors, amenant Kiberlain à les restreindre au maximum, ce qu'elle fait plutôt pas mal, d'ailleurs. Le film est aussi (surtout?) l'occasion de rentre à la fois un bel hommage au théâtre, à la jeunesse, aux artistes de l'époque et évidemment à toutes les victimes de la barbarie nazie sous toutes ses formes, y compris dans les « petites » humiliations du quotidien (l'étoile jaune, pour ne citer qu'elle).
Dommage que l'actrice-réalisatrice n'ait pas su y mettre la ferveur, la passion qu'un tel sujet aurait justifié, l'œuvre restant presque froide, assez loin de l'émotion qu'elle aurait dû dégager. En revanche, elle a trouvé en la personne de Rebecca Marder l'actrice idéale pour Irène, que l'on suit avec intérêt jusqu'au bout. Une première honorable, donc, sincère et personnelle, à laquelle il aurait toutefois fallu plus de maîtrise et de « codes » cinématographiques pour emporter l'adhésion.