Le retour de John McTIERNAN derrières les manettes pour ce troisième volet, devait d’abord nous faire oublier la déception du deuxième opus et égaler les qualités du premier. Ne laissons pas le suspens s’installer d’avantage, les deux objectifs sont pleinement atteints.
Pour reprendre l’analogie pâtissière que j’avais faite pour comparer les recettes utilisant les mêmes ingrédients mais qui dans le premier cas donnait un succulent gâteau au chocolat et pour le deuxième un gâteau insipide, ici nous sommes face à un réalisateur et un scénariste, qui revisitent ce classique pour la transcender et nous offrir une expérience gustative inédite.
L’unité de lieu qui caractérisait les premiers volets, avec maîtrise dans le cas de Piège de cristal (1988), avec maladresse dans celui de 58 minutes pour vivre (1990) est ici balayée. En choisissant de faire évoluer le récit dans tout New York, le film nous permet de nous centrer sur les enjeux de l’opposition que devra une fois de plus relever notre héros John McClane.
Les oppositions sont d’ailleurs le thème central du film et elles se manifestent en différentes façons. Il y a tout d’abord l’opposition entre McClane, toujours admirablement campé par Bruce WILLIS et le nouveau méchant et son groupe. Méchant dont la psychologie et les motivations réelles ne nous sont dévoilées qu’avec parcimonie, dans une profondeur d’écriture qui nous plonge en tant que spectateur dans diverses pistes, allant du sociopathe au désir de vengeance due à une filiation d’avec le premier film. On trouve aussi une opposition entre les communautés noires et blanches, permettant d’ouvrir les questions de relations entre elles, mais aussi entre noirs et police. Une opposition tient également dans l’objectif situé au cœur du quartier financier où se trouve l’objectif du terroriste - autre piste désignée pour comprendre le méchant - et les lieux populaires et fréquentés par la population de classe moyenne qui seront le théâtre de ses différents chantages. McClane y est également défini selon ses oppositions à sa hiérarchie, et son ex femme.
Le rythme est soutenu et les oppositions - une fois de plus - entre les différentes psychologies des protagonistes sont bien menées et aboutissent à de savoureux échanges, presque de comédie, ou en tout cas nimbées d’un humour qui à la différence de celui du deuxième film fonctionne à merveille, ainsi n’avons nous pas l’impression que seul McClane tient et là destinée des innocents et le film sur ses épaules.
Rien de particulier à dire sur la mise en scène, on sent le travail d’orfèvre et la grande qualité de John McTiernan dans cet exercice, ce réalisateur sait filmer l’action et nous la rendre lisible, un régal qui défie les années et qui peut encore servir d’exemple pour pas mal de réalisateurs qui ont tendance ces dernières années à camoufler un manque de savoir-faire derrière moult effets spéciaux et grandiloquence inutiles.
Pour conclure enfin, j’ai envie de saluer la finesse du jeu de Samuel L. JACKSON en partenaire malgré lui de notre flic désabusé et surtout la grande performance de Jeremy IRONS qui fait vivre un méchant à l’intelligence vicieuse qui justifie sa filiation d’avec le premier jusque dans sa chute aussi spectaculaire que jouissive à voir.