J'ai été pris de court par ce film dont je n'avais pas entendu parler et que j'ai découvert le jour de sa mise en ligne. Réalisé par Ron Howard (Apollo 13, Da Vinci Code, Le Grinch...) et avec deux super têtes d'affiche, Amy Adams et Glenn Close, on ne peut que se laisser tenter ! Le titre, par contre, est mal choisi et me parait peu représentatif et réducteur. Adapté d'un récit autobiographique de J.D. Vance, cette chronique familiale relate du combat quotidien d'une Amérique profonde, oubliée et dénigrée du Kentucky. Des campagnards, des laissés-pour-compte, des "pèquenauds", ceux dont on ne parle jamais... Via de multiples flashbacks qui nous permettent de comparer passé et présent, on observe les difficultés du personnage principal à trouver sa place dans un milieu huppé et intellectuel alors qu'il vient de la classe ouvrière. Marqué par les crises de violence intempestives de sa mère toxicomane et des moments de répit avec sa grand-mère ou sa soeur, on découvre un jeune homme tiraillé entre le désir profond de faire sa vie, loin de ce cadre limité, et le devoir de s'occuper des siens. Une ode américaine a pour moteur les rapports explosifs de cette famille dysfonctionnelle, notamment dans la relation mère-fils. Il y a des scènes percutantes, fortes, violentes qui assurent une nomination aux prochains Oscars pour les deux actrices, méconnaissables et profondément investies dans des rôles qui auraient pu être sacrément casse-gueule... Amy Adams, à la fois aimante et destructrice, est exceptionnelle et joue avec ses failles (ça la change des rôles trop lisses qui lui collent à la peau) tandis que Glenn Close incarne un personnage vibrant et universel, extrêmement touchant et juste. À leurs côtés, Gabriel Basso et Haley Bennett font le poids. On frôle de justesse le grand drame américain tire-larme, avec une émotion bien maitrisée, ni trop insistante, ni trop lourde, juste vraie. Cependant, ça suffira à certains pour le classer dans la catégorie des bons vieux mélos... Mais je trouve qu'il vaut mieux que ça. C'est un cinéma plus simple, moins sophistiqué, plus intime, indubitablement social et sincère. Ça résonne et ça fait écho par moment. Je ne vois pas le côté fabriqué et caricatural qu'on lui reproche dans plusieurs critiques... Ça m'a fait pensé à Un été à Osage County ou encore une version plus épurée et moins trash du Diable, tout le temps. Une ode américaine souligne des choses essentielles, je trouve, et en dit beaucoup sur notre époque, notre empreinte génétique, nos cicatrices, nos modèles, notre place dans la société... C'est en quelque sorte une success story qui aborde les thèmes de la valeur, du destin et de la volonté et qui montre, au-delà de la sphère clivante américaine, que l'on peut se réaliser peu importe nos racines.