C’est une histoire comme l’Amérique les aime. Preuve en est du succès littéraire de l’ouvrage dont s’inspire Une ode américaine. Un jeune Hillbilly (ces familles blanches déclassées du Kentucky aux Etats-Unis), qui a réussi à s’échapper de sa condition en entrant dans la prestigieuse université de Yale, narre l’histoire de sa famille, ses réussites mais surtout ses failles, sur trois générations… Jusqu’à la sienne. C’est l’histoire de JD Vance.
Pour son retour derrière une caméra depuis le naufrage Solo, A Star Wars Story (2018), Ron Howard fait le choix du drame et de l’histoire vraie. Le risque de l’exercice est de tomber dans le mélo : Une ode américaine met les deux pieds dedans. Rien n’est épargné au spectateur pour bien lui faire comprendre son immersion au fond de l’Amérique profonde : maquillage grossier des acteurs, qui enchaînent les cigarettes et les verres d’alcool (quand ce n’est pas la drogue) à l’écran (n’oubliez pas, on est chez les pauvres), les scènes à Yale pour rappeler que le protagoniste ne vient pas de cet univers bourgeois (il ne sait pas se servir de ses couverts)…
Une ode américaine, de par son matériau original, aurait pu être un film social et une description pertinente d’une Amérique peu montrée sur les écrans, une Amérique restée au bord du chemin et dont on ne connaît pas les motivations et ce qui l’anime. Il n’en est rien : en restant dans un huis clos familial, où les actions de chacun ne sont que vaguement justifiées par des scènes tire-larmes amenées grossièrement, Une ode américaine reste à la surface et ne montre jamais vraiment son potentiel.
Les amateurs d’histoire vraie s’en contenteront sûrement, ne serait-ce que par l’énorme apport d’Amy Adams et Glenn Close à l’ensemble.