Une Ode américaine c'est le film typique que Hollywood adore, qui vante le rêve américain et la méritocratie, et où même les laissés-pour-compte pourront s’en sortir s’ils y mettent du leur. Sous couvert de montrer l’histoire vraie d’une famille pauvre du Kentucky, Ron Howard livre un filme certes très propre et très réussi techniquement mais foncièrement caricatural et artificiel.
Pour résumer J.D. est à Yale et cherche un emploi d’été dans une grande firme. Il en a besoin pour payer ses études et ses monstrueuses dettes. Sa mère ayant replongé dans l'héroïne il se voit contraint de retourner dans le Kentucky et replonge quant à lui dans une flopée de souvenirs nostalgiques sur sa famille dysfonctionnelle, pauvre, violente, accro à peu près tout — mais sa famille quand même. Aucun cliché ne nous est épargné et le film marche clairement sur les terres du mélo à Oscars. Le montage alterné est très factice, pour dynamiser le film et renforcer l’effet de nostalgie, via le procédé du souvenir. Ce procédé ne permet aucun recul face aux situations montrées, avec un J.D. simple spectateur du naufrage familial.
Jamais le personnage principal ne remettra en cause le système ou le mythe même du rêve américain. Il y avait pourtant tant de thèmes à traiter sur cette Amérique abandonnée, sur les techniques de recrutement de l’Armée, sur les problèmes majeurs de santé publique et la crise des opioïdes, sur le surendettement encouragé… Non, décidément le film restera sur le déterminisme social et montre des riches bien éduqués qui savent se servir de couverts et connaissent le nom des vins, tandis que les pauvres boivent et fument à outrance sans aucun classe vestimentaire.
Côté acteurs, car on parle souvent de ça, le film vise avant tout la copie conforme avec les photos des vraies personnes. La ressemblance est aussi frappante qu’elle est anecdotique, et relève aujourd’hui plus d’un procédé à Oscars que d’une réelle implication. Si cela ne dessert pas le film, ce n’est pas ça qui va changer la qualité du scénario.
Je ne dis pas que J.D. Vance n’a pas vécu ça, mais la manière dont sa vie est présentée dans Une Ode américaine ressemble à une leçon condescendante d’une élite riche qui cherche avant tout à valider son système et à reporter les problèmes sur les pauvres. En cela je trouve le film au mieux creux au pire néfaste.