Ah le cinéma d'Ingmar Bergman, les thématiques des déchirements dans le couple et de l'incommutabilité qui règne dans celui-ci, la peur de la solitude, etc... Dans ce film-là, on marche en plein dedans.
On peut ajouter qu'il y dirige encore une fois ses comédiens habituels, pas besoin de le présenter évidemment, tous excellents, comme d'habitude. A cela s'ajoute, une photo superbe en couleurs grisâtre, très teintes hivernales. Il y joue aussi assez habilement sur les contrastes entre une réalité cru, à travers les animaux massacrés par un fou, et un monde onirique guère plus rassurant, le temps d'une séquence en noir et blanc.
Et avec tout cela, on va plonger dans un monde de frustrations, de non-dits, de mensonges, avec le portrait d'un homme sans qualité, si on peut le dire ainsi, qui n'a même pas la primeur de son prénom, loin d'être dénué d'ambiguïté, aussi bien dans sa solitude que dans ses relations avec les autres personnages, l'ermite, la veuve pour le moins mystérieuse, le couple qui semble aller à vau-l'eau.
Par contre, en nous balançant plein de mystères tendance "psychologie déviante" à la figure, et en se refusant à donner au spectateur la plus petite clé pour essayer de les résoudre, ou du moins d'en résoudre quelques-uns, Ingmar Bergman peut légèrement agacer.
Mais, malgré tout, reste un ensemble qui, sur les plans formels et thématiques, parvient malgré tout à être suffisamment fascinant pour qu'on le regarde du début jusqu'à la fin sans ennui et toujours intrigué.