C'est le premier film en langue anglaise de Patrice Leconte, tiré d'une nouvelle de Stephan Zweig, qui raconte l'accession d'un jeune homme en tant que secrétaire d'un patron détenant une usine de sidérurgie. La santé de ce dernier décline, il doit rester chez lui, et ce garçon, joué par Richard Madden, doit s'installer chez son directeur, Alan Rickman. Il va s'éprendre de son épouse, Rebecca Hall, bien plus jeune que son mari.
Il y a une chose qui m'échappe quant à sa réception critique, où le film s'est fait détruire par la presse. Pour ma part, j'y ai vu un très beau mélodrame, pudique, et incarné avec sensibilité par Rebecca Hall et Richard Madden, sous le regard sévère d'Alan Rickman. L'histoire se passe en 1912, le spectre de la première guerre mondiale flotte au loin, mais tout l'univers est ramené à cet amour chaste, empêché par la présence mortifère de ce vieil homme, dont on comprend que Rebecca Hall l'a plus épousé par reconnaissance que par amour.
L'arrivée de Richard Madden va en quelque sorte la réveiller de sa torpeur affective, elle qui n'a d'yeux que pour son fils, qui s'est sacrifiée pour son mari malade...
Le film à costumes est un genre risqué en soi, car il évite rarement une certaine forme de raideur. On n'y échappe pas tout le temps, mais Patrice Leconte a eu la très bonne idée de faire une mise en scène le plus souvent mobile, avec la caméra à l'épaule, qui casse cette notion d'académisme. La scène du 1, 2, 3, soleil est à ce titre une réussite, apportant du dynamisme.
Quant à la promesse du titre, le film n'est pas d'un suspense fou, car il faut reconnaitre qu'il se passe peu de choses, mais nous sommes là aussi dans le genre du mélo, avec l'apparition de lettres épistolaires, où la lecture prend la place d'une quelconque émotion charnelle. Le tout avec la très belle musique de Gabriel Yared.
La surprise est d'autant plus grande pour moi que Patrice Leconte est clairement un réalisateur branché sur courant alternatif, qui va du pire au meilleur. Là, je le sens clairement dans ses bottes, y compris dans une langue qui n'est pas la sienne, et me rassure sur le fait que le mélodrame est encore possible dans les années 2010.