Même si je pressentais une bluette naïve voire pénible, j'ai visionné "Une rencontre" en l'honneur de Lisa Azuelos, dont j'avais apprécié les qualités d'observation et d'écriture dans ses œuvres précédentes, les mal-aimés "Lol" et "Comme t'y es belle", deux comédies de mœurs sans prétention mais réjouissantes et bien senties.
Hélas, la réalisatrice française se vautre ici dans la représentation navrante d'une forme de coolitude beauf, au sein d'une catégorie sociale bien définie, celle des jeunes quinquagénaires aisés et bobos.
Ses deux héros, l'horripilant François Cluzet et l'agaçante Sophie Marceau, se rencontrent lors d'une soirée et se jettent immédiatement des regards enamourés. Cluzet est particulièrement nunuche dans son rôle d'homme bon et loyal à qui tout réussit, qui sait se gausser des petits tracas de la vie moderne, tant il a bien compris que l'essentiel était ailleurs...
Il faut le voir réconforter d'un sourire sa bêcheuse de fille adolescente, puis apaiser d'un regard la jalousie naissante de sa pimbêche de femme (interprétée par Azuelos elle-même). Quel homme, ce Cluzet, qui aime son épouse comme au premier jour, mais qui n'hésite pas à s'encanailler en boîte de nuit en pelotant une quasi-inconnue.
En l'occurrence, celle-ci est une célibattante accomplie, working girl et mère formidable, cougar à ses heures perdues, car elle a tant d'amour à partager...
Passe encore la morale bien-pensante du film, qui permet à la fille de Marie Laforêt de s'affranchir de certains clichés inhérents au sujet. Mais l'apologie de la niaiserie, qui transparaît lors de chaque scène de cette rom'com' bas de gamme, a plus de mal à passer.
Certes, les précédents films d'Azuelos s'inscrivaient eux aussi dans l'univers bourgeois-bohème, mais au moins ressentait-on un minimum de recul et de satire sociale dans le regard de la réalisatrice.
La seule idée un tant soit peu originale dans la mise en scène, c'est le jeu entre fantasme et réalité, mais Lisa Azuelos a tendance à en abuser, histoire d'épaissir légèrement un récit très bref (1H20), qui illustre bien la minceur du propos.