Le vrai mystère est celui de la racine de la séparation, pourquoi souhaite-il se séparer d'elle? Étrange que ce soit elle qui initie le film et veut se séparer de lui alors même qu'on apprend que c'est lui qui ne veut plus d'elle, tout en l'accusant de fuir, surement par orgueil d'affronter son désamour. Et il conjure la faiblesse de la mère en projettant sur sa fille une rage protectrice de lui faire prendre des décisions qui la déchirent. Pour autant c'est bien la fille qui protège le père quand elle s'adressera au juge de la bonne manière sans condamner le pére en un mot. Pur acte de maturité où l'enfant comprend que le mensonge sauve celui qui veut sans cesse la sauver et ne brise pas la pureté filiale, comme le grand-pére anéantit-vivant. Magnifique acte de transmission. Et sur fond de distance sociale c'est l'ambiguité de la règle qui saute aux yeux. La justice ne sait pas qu'on peut oublier un état de femme enceinte dans un moment de colère, elle ignore la dépression du cordonnier, elle veut des faits logiques et des décisions pures et stables et en cela elle sera toujours aveugle. Qu'importent les faits, c'est une lutte pour l'honneur motivée par l'orgueuil et la douleur. Il faut pourtant s'appuyer. Chercher la vérité dans l'absolu? Jurer sur le Coran permet de manipuler, car l'institutrice qui n'y croit pas. Symbole de vérité, le Coran permet un acte final de quasi-superstition qui tranche bel et bien mais vers l'insensé puiqu'on sait à ce moment que les torts sont partagés et la sortie négociée. La vérité semble devoir être religieuse qu'en cas d'ultime recours pour racheter un semblant de pureté perdue dans l'instinct de survie de la femme et l'orgueil de l'homme. En cela elle est ce qu'elle a toujours été : politique. C'est ce que comprend la jeune fille lorsqu'elle protège son père en entrant dans le jeu du droit, c'est aussi l'impossible décision finale dont la suspension est celle de la possibilité du cinéma. 10e chambre instants d'audiences m'avait fait le même effet d'une justice hachoir de la complexité, ignorante des causes et vorace de vérités impossibles. Le film a cette dimension politique délocalisée. La scène finale, appuyée mais forte. Un film sur la puissance de l'orgueil et la perte de soi, l'inégalité foncière devant la loi et l'absolue beauté de la transmission.
silvae
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le 22 août 2011

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