Avec Une Sirène à Paris, Mathias Malzieu nous conte l'impossibilité d'un amour entre un homme qui s'est juré de ne plus tomber amoureux et une sirène, comme il l'avait déjà fait dans La Mécanique du Cœur , également projet multi-support (album de Dionysos, - livre de Mathias Malzieu + film de ce dernier) où un homme dont le cœur gelé avait été remplacé par une horloge, lui empêchant à tout jamais de tomber amoureux.
Si le film animé permettait à La Mécanique du Cœur de garder (presque) intacte la foisonnante imagination enfantine de Mathias Malzieu, il faut dire que le passage au long-métrage en prise de vues réelles d'Une Sirène à Paris vient un peu alourdir cette fantaisie. Le costume de "crooner de salle de bain" du chanteur-auteur-réalisateur ici porté par Nicolas Duvauchelle est évidemment trop petit pour l'acteur,ce dernier ayant du mal à incarner ce portrait d'homme enfant enfermé dans le passé.
Ce conte porte ainsi un léger goût suranné et ressemble parfois à un délire d'adolescent un peu attardé lorsqu'il ne donne à des acteurs comme Tchéky Karyo et Romane Bohringer que trop peu de choses à incarner que des stéréotypes de contes mal écrits, dont les interactions et la dramaturgie s'avèrent quasiment nulle. Il faudra alors au film son efficacité et son épatante direction artistique pour emballer avec succès ce conte dont l'ambition dénote avec le paysage cinématographique hexagonal actuel.
Car Une Sirène à Paris, malgré toutes ses tares et sa fantaisie surlignée au marqueur indélébile (Le fameux terme de surpriser n'étant au final que celui d'un hipster un peu décalé) finit par convaincre. De par sa mise en image soignée, convoquant parfois l'invention d'un Michel Gondry, et son scénario solide, le film ne se démonte jamais et finit même parfois par convaincre.
Peu importe au final que Mathias Malzieu se répète et que son "originalité" veuille déborder de tous les plans ; Une Sirène à Paris finit par séduire, par toucher, et tout cela sans couler. Et c'est déjà pas mal(zieu).