Je suis allée voir Une sirène à Paris la semaine de sa sortie, la veille du confinement., consciente que ce serait ma dernière chance de profiter des salles sombres et des ambiances cinéphiles (séance de 22h, que je vous aime). J'en parle devant mes camarades, et soudainement, élan d'enthousiasme ; je traine derrière moi un sillon d'amis qui veulent assister à leur dernière projection en compagnie de Malzieu, et nous voilà, brochette d'amoureux du cinéma et de poésie, prêts à être émerveiller.
À vous, pauvres spectateurs, piégés dans la même projection que moi, je souhaite m'excuser. Non, vraiment. Vous ne méritiez pas cela. Vous ne méritiez pas un telle déception et mes rires incontrôlables pour enfoncer le clou. Vous étiez, comme vous, venu chercher réconfort en Malzieu et ses belles mélodies, en son univers hypnotiques et dansant, conscient que bientôt le monde se fermerait et qu'il faudrait dire adieu à nos séances nocturnes. Vous étiez venu pour un dernier hommage, et je l'ai souillé de mes gargouillements mal ravalés d'hilarité.
Je suis exemplaire, sur mes fauteuils. Je suis de ces êtres pour qui le cinéma est une institution religieuse qu'il ne faut blasphémer de bruits inopportuns. Je ne parle pas, et si vous m'entendez, c'est sûrement que je suis en train d'essayer de ravaler mes trop bruyants sanglots.
Mais Une Sirène à Paris est si mauvais, qu'il aurait été de la torture que de me demander de ne pas laisser s'échapper de temps à autre des ricanements effarés face à cet immense bateau prenant l'eau, inexorablement, pour s'échouer au plus profond des abysses du loupé.
Melzieu a toujours les mêmes outils en main ; son esthétique enchanteur, ses romances poétiques auquel le coeur ne pourrait pas survivre. La manière dont il raconte une histoire a toujours été une de ses plus grandes forces, sa capacité à instaurer une atmosphère de magie qui n'en n'est pas. Le secret de Malzieu, c'est de rendre ordinaire l'extraordinaire, dans ses jolies plans édulcorés.
Mais ici, le scénario décousu fait tâche sur son CV. Rien ne fait sens, tout est précipité, on n'explique qu'à moitié, c'est tiré par les cheveux. Quel déception que cette histoire qui trébuche mais refuse d'admettre qu'elle se casse la gueule. Même les airs, pourtant du même compositeur, Dionysos, que ceux de "Jack et la mécaniques du coeur" – qui nous étaient restés en tête pendant toute ses années – sont faibles en comparaison de son prédécesseurs et ne marque qu'à peine.
Je passe sur le choix de casting, notamment celui de Marilyn Lima qui semble à peine se dépatouiller dans son rôle, fade et maladroite dans son interprétation, frôlant un jeune surface, noyé dans son personnage pourtant fascinant. Difficile de croire à notre conte quand la sirène censé vous séduire d'un simple coup d'oeil ne vous laisse qu'un peu plus indifférent à chaque expressions insipides.
Mais ce que je reproche le plus à une Sirène à Paris c'est bel et bien sa romance qui n'a rien de la sensibilité et de l'étourdissement de celle de Jack et la Mécanique du Coeur. Gaston est un Crooner. Un crooner au coeur brisé qui s'est promis de ne plus jamais aimer. Qui ne peut plus aimer, même, je dirais, car la vie l'a déçu. L'a brisé.
C'est là, mes pauvres comparses de tortures, que je réitères mes plus plates excuses, alors qu'à chaque apitoiement sur son sort d'homme incapable d'aimer un jour à nouveau m'arrachait un pouffement impitoyable. Car c'est bien cela qu'il est, notre Gaston, pitoyable, de son écriture en surface qui ne fait de lui qu'un personnage en 2D, inintéressant et stéréotypé.
Sa relation avec Lula n'est qu'une vaste ligne, sans climax, échouant à nous donner un final éblouissant. Mon dieu, vous voulez que je vous dise ? Je ne me souviens même pas de comment cela finit. Je peux vous refaire à peu près tout le scénario désordonné, mais je suis incapable de vous dire comme ce joli bordel se conclut. Ça vous en dit assez sur l'impact que ce film a.
Alors, pour la dernière fois, désolé. Désolé d'avoir rit et d'avoir gâché votre visionnage. Je hait d'avoir été cette personne. Mais rire était ma seule arme face à la vague de lassitude et de déception qui échouait à chaque fois en moins à chaque personnages fades et dialogues ridicules.
Malzieu m'a déçu, et ne m'a pas donné la dernière projection que j'espérais, et pour cela, je suis fâché. Parce que le potentiel était présent, mais en chemin, il a perdu son cap pour s'embourber dans des rebondissements inutiles et des mélodrames n'accentuant que le vide de ses personnages.