Ceux qui suivent Terrence Malick depuis le début de sa carrière (cela ne nous rajeunit pas) et qui ont été soufflés, notamment, par la beauté des Moissons du ciel, ont pour la plupart autant été autant surpris par son arrêt de réaliser pendant 20 ans que par la succession de films depuis son retour de plus en plus expérimentaux, contemplatifs et surtout "étouffe-chrétiens". Après le très pénible Song to Song, Une vie cachée propose enfin des retrouvailles avec la forme narrative via l'histoire d'un paysan autrichien, objecteur de conscience pendant la deuxième guerre mondiale. C'est vrai qu'il y a des éléments de récit exposés mais, finalement, Malick est bien dans la continuité de ses œuvres précédentes avec une mise en scène à la fois intime et travaillée façon grand angle, son lyrisme panthéiste et une voix off un brin moralisatrice. La durée du film est bien excessive pour une histoire intéressante mais, racontée principalement par son aspect moral et surtout prétexte aux grandes obsessions du cinéaste, en particulier le rapport à Dieu. Il y a de très belles choses dans Une vie cachée, à commencer par la splendeur de la campagne autrichienne, mais aussi le sacrifice de l'épouse du héros et d'autres scènes, isolées, qui consolent un peu d'un maniérisme et formalisme qui agacent quand même un peu quand ils sont aussi systématiques. Le plus étonnant, en définitive, c'est que malgré tous les motifs de regimber, avec un certain manque d'émotion au global, et le côté figé de son acteur principal, l'on sorte d'Une vie cachée plutôt reconnaissant, conscient d'avoir vu un film assez unique et grandiose dans son genre, difficilement comparable à d'autres cinémas. Quoiqu'on puisse penser sur le fond et la forme de ses longs-métrages, Terrence Malick restera sans doute dans l'histoire du 7ème art comme un réalisateur original, sincère et loin de la multitude des faiseurs qui composent le plus gros contingent des metteurs en scène du début du XXe siècle.