C'est un film dur, très dur mais c'est aussi un film habité et éclairé.
Franz est un des très rares en Autriche à avoir dit non au nazisme.
Dans son village de Saint-Radegund il est même le seul alors qu'il avait toutes les raisons pour se soumettre au monstre de l'ordre noir. Sa femme Fanni et ses enfants qu'il chérissait tant, son dur travail aux champs qui l'accaparait, le curé du village qui avait essayé de le détourner de sa décision, ses coreligionnaires villageois et ces montagnes lumineuses où il vivait pleinement heureux et satisfait.
Il a tout quitté pour une sinistre et minuscule prison, les humiliations, les brimades, les vexations, les tortures physiques et morales. Les tentations aussi pour qu'il revienne sur sa décision. Celles de ses bourreaux et geôliers, celle de son avocat qui lui promet l'impunité s'il renonce et accepte de servir dans l'armée nazi. La tentation de Fanni qui a vécu elle aussi l'enfer face aux villageois aux visages menaçants, vociférant leur haine,la poursuivant de cette rancœur qui les renvoie à leur propre lâcheté. Elle vient lui rendre visite quelque temps avant son exécution mais celle-ci s'est résolue à ne plus essayer de l'influencer comme elle le faisait auparavant à travers leur correspondance passionnée et brûlante au delà du temps et de l'espace. Elle lui laisse enfin le choix, "je t’aimerai toujours quoi que tu décides" Franz a depuis longtemps décidé car "il ne peut pas faire ce qu'il croit être mal" et il ne le fera pas, il tiendra jusqu'au bout, jusqu'à la peine capitale et son exécution par un bourreau de noir vêtu, au chapeau grotesque et au visage grimaçant déformé par la folie de la haine. Franz aura vécu jusqu'au bout selon ses principes, selon ses croyances caché dans ces montagnes verdoyantes aux sommets enneigés du Sud-Tyrol.
A ce sujet le travail de Jörg Widmer est excellent, qu'ils sont beaux ces alpages ! La musique de James Newton Howard participe à la dimension mystique et théologique du film. Prestations flamboyantes de August Diehl dans le rôle de Franz et de Valérie Pachner dans celui de Fanni. Quant au scénario de Terence Malick il est parfait.
Tragiquement dommage qu'il n'y ait pas eu plus de Franz, qu'il n'y ait pas eu plus d'actes de résistance.L'idéologie mortifère à la croix gammée n'aurait sûrement pas prospéré comme elle l'a fait et autant de vies en auraient été épargnées.
Le sacrifice de Franz vaut largement les trois heures de film que je n'ai pas vu passer immergé que j'étais dans cette toile grandiose.