Qu'il est dur d'encaisser la fascination et l'obstination de ses vieux monsieurs, réalisateurs de cinéma, pour le corps des femmes. Pour le corps des jeunes filles. Pour le corps des enfants.
L'hypersexualistion de l'ensemble des personnages féminins est un véritable problème pour moi. Celle qui apparaît le plus souvent à l'écran est âgée de 18 ans et est convoitée, fantasmée, désirée, parfois agressée, par la quasi totalité des personnages masculins du film. J'en ai compté au minimum 4, ayant de 35 a 60 ans. Hormis son père et son frère - encore heureux me direz vous - les hommes dépeints dans ce scénario semblent bien incapable de contrôler leurs pulsions animales, quand bien même la personnage sort tout juste de l'adolescence.
Passée cette forme fort ragoûtante, Uranus souffre clairement de trop en faire. Bon nombre de ces longs monologues - même s'ils sont bien très bien joué - m'ont perdu en cours de route.
Pourtant, certaines intentions sont louables. Le personnage "qui aime la vie", qui développe des pensées, des réflexions philosophiques très intéressantes sur la place de la violence, de la vengeance et du pardon dans cette société post libération : celui-ci vaut son petit pesant d'or. D'autant plus lorsque que ces questionnements résonnent toujours en notre temps.
Là est certainement l'unique intérêt de ce film, pour celles et ceux qui comme moi, n'arrivent pas à se détacher de l'emprise patriarcal qui rend tous les personnages ultra-stéréotypé, véhiculant des messages extrêmement problématiques, réactionnaires et parfois dégueulasses.
Le Samouraï, sorti 25 ans plus tôt, vu il y a quelques jours, me permet de calmer l'ardeur de ceux que ma critique rendra tout colère : "Oh ça va, c'était l'époque!". Oui, il est vrai , c'était "l'époque". Mais pas pour tout le monde, pas pour tous les réalisateurs. Et il faut louer le travail de ceux qui célébraient avec justesse, ne tombant pas dans les facilités, l'ensemble des personnages de leurs longs-métrages, peu importe leur genre, leur couleur de peau où leur âge.
Le sujet d'Uranus, original et très intéressant d'un point de vue sociologique, philosophique, politique, méritait que je m'y arrête. Il ne me méritera pas que je le recommande. Vraiment dommage.