Dans certaines civilisations, faire le portrait de quelqu’un revient à capturer son âme. Il y a de cela dans le destin des acteurs et des personnages historiques que nous imaginons tels qu’ils n’ont jamais existé. Val Kilmer est une de ces personnalités, coincé entre son insolence et sa beauté (parfois les deux ensemble) dans des films plus souvent cultes que grandioses. Mais victime d’un cancer foudroyant à la gorge, Kilmer s’est transformé physiquement et surtout vocalement puisqu’il est désormais incapable de parler naturellement et donc de faire son métier.
Ce documentaire est aussi bien une autobiographie qu’un testament lu par son fils Jack. Val est d’abord le récit d’une vie incroyablement documentée puisqu’une caméra l’accompagne depuis son enfance : des films qu’il rejouait avec ses frères jusqu'au brancard d’hôpital où son existence a basculé. On découvre la passion de Kilmer pour le théâtre et son profond sens artistique, presque mystique qui l’a logiquement conduit à jouer Jim Morrison, sans doute son plus grand rôle. Entre captations à la volée sur des tournages où l’on croise Tom Cruise ou le Dieu Brando et scènes de vie familiale, l’acteur questionne le sens d’une vie quand la gloire appartient irrémédiablement au passé.
Devant l’immense mélancolie de cette décadence du corps, Val fascine par sa résilience, quittant de force l’art de l’image et du son pour celui du dessin, de la peinture et du collage. Mais c’est bien l’amour qui semble inconditionnel et réciproque entre lui et ses enfants qui le font tenir debout. Val Kilmer est à la fois acteur de théâtre, homme chauve-souris, sex-symbol, diva et chaman mais désormais là où on ne l’attendait surtout pas : dans nos petits cœurs d’êtres humains.