Se spécialisant à la base dans les polars (plutôt originaux), Guillaume Nicloux prend un tournant de plus en plus curieux depuis plusieurs années, auquel ce « Valley of Love » s'intègre pleinement. Ce film, c'est vraiment une expérience de cinéma, pas faite pour tout le monde et qui en laissera clairement certains sur le bas-côté. Étonnamment, cela n'a pas été mon cas (ou très peu), même s'il m'est bien difficile de vous écrire une critique solidement argumentée. Tout y est tellement « sensoriel », passant à travers ce décor unique qu'est la Vallée de la mort, écrasé par un soleil tellement présent qu'on sentirait presque son poids sur les personnages. Il y a quelque chose de constamment intrigant, faisant de ce voyage étrange quelque chose de presque religieux, christique.
Pourtant, il est peu dire qu'il ne se passe pas grand-chose, du moins concrètement, mais le réalisateur sait intensément mettre en valeur le lien qui unit les deux protagonistes, leur douleur profonde, bien qu'ils l'expriment différemment... Même leurs conversations, à première vue si banales, cache quelque chose de plus complexe, plus intime... Après, c'est vraiment le genre de titre qui est à l'interprétation de chacun. Mais me concernant, porté par les retrouvailles entre Isabelle Huppert et Gérard Depardieu (tous deux excellents, surtout le second) de nombreuses années après leurs classiques controversés, voilà une œuvre qui m'a interpellé, interrogé, touché, peut-être trop radicale, mais ayant le grand mérite de ne pas laisser indifférent.