Quelques minutes suffisent. La seule expérience visuelle, sublime, parvient à nous captiver. Mais cette force d'attraction de la prouesse technique ne serait rien s'il n'y avait pas derrière chaque image une composition picturale. Une composition à laquelle participent la musique, le cadre dramatique, l'intrigue même... Cette alchimie est source d'un pouvoir irrésistible car elle n'est qu'un simple ustensile pour servir un propos remarquablement mené, qui intrigue tout de suite tant il sait jouer de la suggestion, qui prend au cœur tant il parvient à se focaliser sur l'humain, et qui trouble tant il semble mieux cerner la réalité au travers du dessin qu'au travers de l'image réelle. D'ailleurs; cette "Valse avec Bachir" pourrait finalement se résumer à ça : détourner l'image de la réalité pour mieux l'atteindre ; toucher par le rêve quand les images les plus concrètes ont été banalisées par nos esprits. Voilà bien la plus subtile des démarches, induite qui plus est par cette intrigue d'anciens soldats qui cherchent à se souvenir d'un passé dérangeant qu'ils ont préféré occulter. Détourner pour mieux regarder ; travestir pour mieux transmettre ; mélanger les codes pour mieux dérouter ; suggérer plutôt qu'ingérer. Cette démarche, c'est celle de l'artiste et nul doute que cette "Valse avec Bachir" est une œuvre d'art. Ceci étant dit, tout est dit. Il ne vous reste plus qu'à franchir le pas, cesser de lire des critiques, et enfin vous risquer à la confrontation car cette « valse » a de quoi faire tourner quelques têtes...