Qu'il fut riche en films réussis ce premier jour au festival de Gérardmer ! Amelia's children, When Evil lurks, Sharksploitation, autant de diversité et d'informations que de bons moments de rage, d'humour et d'horreur.
Mais le zénith est pour moi venu d'un film hors compétition au titre à rallonge directement sorti de la rubrique "petites annonces" d'un journal : Vampire humaniste cherche suicidaire consentant.
Comme l'a présenté la réalisatrice/scénariste québecoise Ariane Louis-Seize dont c'est le premier long-métrage après trois courts : "Si vous aimez les films avec du sang et des éclaboussures, [beuglements satisfaits de l'audience] et ben c'est pas du tout comme ça ! [rires]"
VHCSC est avant tout une comédie romantique, avec des vampires. Oui, ça rappelle l'accroche de Shaun of the Dead et croyez-moi, vous rirez tout autant, la finesse en plus. On retrouve ici un film qui s'apparente à What we do in the shadows où vampires et problèmes existantiels cohabitent mais avec une tendresse et une profondeur bien plus appuyée.
Si on rigole très vite lorsqu'on découvre Sacha et sa famille, la réussite majeure tient dans le parfait dosage entre comédie et drame. Sous chacun des rires se cache un malaise et des questions qui font écho à la différence, à l'acceptation de soi, à l'acceptation par les autres dans une adolescence pas toujours simple entre les attentes parentales et la méchanceté gratuite ambiante. Cette jeune vampire aux canines récalcitrantes va très rapidement remporter notre adhésion tant, sous-couvert d'une incapacité à se nourrir à la source pour cause d'empathie exacerbée que par sa manière bien à elle d'aller contre ce que tout le monde voudrait qu'elle soit.
Et son salut passera par sa rencontre avec Paul, le suicidaire du titre.
Pas besoin d'en dévoiler davantage. Laissez-vous porter par cette histoire à la justesse de tous les instants.
Le moment est agréable, drôle à souhait entre des personnages attachants et des situations mémorables. Tout semble à sa place et on se délecte de chaque moment comme on sucerait paisiblement sa petite poche de sang. Les acteurs, le rythme, certains plans, certains moments, le récit, l'ironique empathie de notre vampire face à l'imbécilité et à la méchanceté de certains humains, VHCSC a réussi, en assemblant finement tout cela, à toucher le père que je suis et à lui soulever bien plus que des rires.
Une réussite qui sous couvert de fantastique et derrière une pointe d'hémoglobine cache un beau message sur la difficulté pour certains de trouver leur place et sur ce qu'une rencontre peut parfois changer dans votre quotidien.
Un film que je reverrais inévitablement avec ma femme et ma fille lors de sa sortie en salle.