Premier film de la canadienne Ariane Louis-Seize, Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, impressionne.
Le ton est donné dés le titre : drôle, grinçant et suffisamment narquois pour générer l'envie de voir ce qu'il y a derrière.
Sasha, jeune vampire de 68 ans, refusant de tuer pour se nourrir et dépendante de fait, de sa famille va rencontrer un garçon dépressif qui n'aime pas la vie.
La réalisatrice s'appuie sur les genres du teen movie et du film de vampire qui n'ont de cesse de merveilleusement s'accompagner, pour évoquer des sujets aussi affriolants que : la mort, le suicide, le harcèlement, le mal-être, les conflits intergénérationnels et les compromis avec lesquels on lutte pour exister face aux maux de notre monde.
Comme un bon jus de tomate, d'abord acide puis suave, le film démarre avec un humour noir, attendu mais efficace et bascule petit à petit vers une douce amertume qui va nous attacher avec intérêt aux deux protagonistes. Cet attachement se juxtapose avec l'attachement de plus en plus fort qu'éprouve les personnages entre eux. Se pose la question alors de comment faire, semblable au "comment faire ?" contradictoire, pour vivre entre convictions, engagements et réalité. La solution va se trouver, simple, parce que c'est un film de vampire (et le genre montre son formidable potentiel quand il est au service d'une écriture fine et travaillée) : par la transformation ! La morsure, dans son symbolisme sexuel, là où elle pouvait être perçue dans beaucoup de films de vampire comme la marque d'un viol, ici, devient acte d'amour. Acte d'amour qui équivaut à un acte de soin qui amène le film à sa conclusion où mort et vie se font complices, où la mort devient pansement quand la vie n'est plus possible.
De plus, la réalisatrice a su très bien jouer avec le cadre "imposé" des 1h30 pour son premier long, en exploitant parfaitement son sujet dans un rythme ni frénétique, ni neurasthénique. La fraicheur et l'intelligence du film sont réjouissantes !